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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 12:51

Critique de disque publiée sur le site Francomix :


Colette Magny - Melocoton (Sony/Versailles - 1997 réédition du 33 T CBS - 1964)
Melocoton
Les tuileries
Monangamba
Rock me more and more
Chanson de la plus haute tour
La terre acquise
Saint James infirmary
Any woman’s blues
Heure grave
J’ai suivi beaucoup de chemins
Didn’t my lord deliver Daniel
Chanson en canot
Richard II quarante
Co-operation 
   

      
Soyons honnêtes, pour nous tous le blues c’est l’Amérique. Pour nous, personne, à part les « ’Ricains » ne sait faire vibrer cette musique et nous faire vibrer avec cette musique. Normal vu ses racines. La regrettée et injustement méconnue chanteuse française Colette Magny, avec cet album « Melocoton », parmi d’autres, fait un bras d’honneur à nos préjugés et montre que le blues francophone n’est pas qu’une reprise du blues américain.

Colette Magny incarnait le blues et ses origines prolétaires par une vision du monde sans concession et la voix profonde de ceux qui n’ont rien. Colette Magny n’était pas une chanteuse de blues par hasard. Le blues était sa voie, sa vie et elle les assuma en 1963 en quittant son emploi administratif pour s’y consacrer jusqu’à sa mort en 1997.

Avec la même détermination tout au long de sa vie, Colette Magny a inlassablement et intensément chanté contre les dérives de l’argent, du pouvoir et de la politique qui étouffent des démocraties, tuent des peuples, provoquent des guerres dévastatrices et détruisent toute vie terrestre. Quarante ans plus tard, ses textes, comme ceux de l’écrivain français Antonin Artaud qu’elle a beaucoup chantés, n’ont pas pris une ride...
Ce choix de vie lui vaut d’ailleurs un baillonnement médiatique : censurée, ignorée par la radio, la production de ses albums a pu être chaotique.

Compositrice-auteur-interprète incomparable, Colette Magny tricotait avec les mots qu’elle chantait d’une voix profonde, aérienne ou saccadée et qui dévoilait son intimité.

Chaque morceau de l’album « Melocoton » tient en haleine. L’étirement sans fin de chaque mélopée nous fait nous languir de la suite. Les mots prennent ainsi tout leur sens et une dimension intemporelle et éternelle. « Melocoton », son seul succès commercial, où sa voix sublime les paroles, en est un parfait exemple.

Colette Magny, une chanteuse francophone à découvrir ou à réécouter d’urgence.

Anne Littardi  

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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 08:40

Article paru sur le site FrancoMix le 25 février 2008 :

 

 
melocoton.jpg(Sony/Versailles - 1997 réédition du 33 T CBS - 1964)
Melocoton
Les tuileries
Monangamba
Rock me more and more
Chanson de la plus haute tour
La terre acquise
Saint James infirmary
Any woman’s blues
Heure grave
J’ai suivi beaucoup de chemins
Didn’t my lord deliver Daniel
Chanson en canot
Richard II quarante
Co-operation
  
     
 

 

Soyons honnêtes, pour nous tous le blues c’est l’Amérique. Pour nous, personne, à part les « ’Ricains » ne sait faire vibrer cette musique et nous faire vibrer avec cette musique. Normal vu ses racines. La regrettée et injustement méconnue chanteuse française Colette Magny, avec cet album « Melocoton », parmi d’autres, fait un bras d’honneur à nos préjugés et montre que le blues francophone n’est pas qu’une reprise du blues américain.

Colette Magny incarnait le blues et ses origines prolétaires par une vision du monde sans concession et la voix profonde de ceux qui n’ont rien. Colette Magny n’était pas une chanteuse de blues par hasard. Le blues était sa voie, sa vie et elle les assuma en 1963 en quittant son emploi administratif pour s’y consacrer jusqu’à sa mort en 1997.

Avec la même détermination tout au long de sa vie, Colette Magny a inlassablement et intensément chanté contre les dérives de l’argent, du pouvoir et de la politique qui étouffent des démocraties, tuent des peuples, provoquent des guerres dévastatrices et détruisent toute vie terrestre. Quarante ans plus tard, ses textes, comme ceux de l’écrivain français Antonin Artaud qu’elle a beaucoup chantés, n’ont pas pris une ride...
Ce choix de vie lui vaut d’ailleurs un baillonnement médiatique : censurée, ignorée par la radio, la production de ses albums a pu être chaotique.

Compositrice-auteur-interprète incomparable, Colette Magny tricotait avec les mots qu’elle chantait d’une voix profonde, aérienne ou saccadée et qui dévoilait son intimité.

Chaque morceau de l’album « Melocoton » tient en haleine. L’étirement sans fin de chaque mélopée nous fait nous languir de la suite. Les mots prennent ainsi tout leur sens et une dimension intemporelle et éternelle. « Melocoton », son seul succès commercial, où sa voix sublime les paroles, en est un parfait exemple.

Colette Magny, une chanteuse francophone à découvrir ou à réécouter d’urgence.
     

Anne Littardi

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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 07:56

Texte de Pierre Prouvèze publié sur le site Entretemps :

 

Parler de MAI 68, c’est parler d’une époque révolue certes, mais de révolte, de rébellion, de révolution, de politique, d’engagement, de militance.

« Cependant certaines des affirmations qui ont été posées et activées durant cet événement semblent aujourd’hui réactivables » a avancé François NICOLAS dans sa présentation du colloque « Mai 68 et la musique » (CNR de Paris, avril 2008) :

 

« On considérait alors qu’il y avait trois Mondes :

·      Le monde capitaliste avait pour emblème les États-Unis ; d’où l’importance alors du mouvement des Noirs aux USA, selon les trois dimensions suivantes : Les Blacks Panthers, Le free-jazz, les sportifs noirs (boxe, athlétisme…).

·      Le monde socialiste avait pour emblème politique émancipateur la Chine, opposée à la puissance plus ancienne et bien installée de l’URSS.

Noter : ce n’était pas le cas pour Colette, ce qui la situe ailleurs.

Importance de la “révolution” à l’intérieur de la révolution, contre la bureaucratisation des pays socialistes…

·      Le Tiers-Monde, dont l’emblème politique était le Vietnam, engagé alors dans une guerre de libération, précisément contre l’emblème du premier monde (les États-Unis). Ce qui se passait dans le Tiers-Monde (Vietnam, Cuba, Bolivie…) avait des répercussions dans les deux autres mondes.

La France, aussi, était très différente » : de nombreuses usines employaient de nombreux ouvriers, avec de nombreuses luttes ouvrières.

« Pour couronner le tout, le Monde était différent, non seulement parce qu’il y avait “trois mondes”, mais aussi parce qu’il y avait l’idée et la conviction qu’“un autre Monde” était possible et nécessaire, que la situation connue par les uns et par les autres n’était pas inéluctable et que la marche vers “un autre Monde” constituait l’horizon réaliste de toute action politique… »

 

Colette MAGNY était / fut dans ce temps, dans son temps, dans la politique de son temps, notamment par le choix des différents « thèmes » de ses chansons.

La position de Colette MAGNY est à étudier de très près de ce point de vue à travers ses chansons. Colette MAGNY a été dans cet événement mais aussi avant et après.

 

1. Éléments de biographie de Colette MAGNY      

Avant qu’elle ne chante professionnellement                                                                           

À partir du moment où elle chante professionnellement                                                           

2. Chansons de Colette MAGNY avant Mai 68                                                                     

3. Chansons de Colette MAGNY avec Mai 68                                                                       

4. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (1)                                                                

5. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (2)                                                                

CONCLUSION                                                                                                                          

 

1. Éléments de biographie de Colette MAGNY
Avant qu’elle ne chante professionnellement
· Colette Magny est née à Paris (4°) en 1926. Sa vie fut celle des « GENS DE LA MOYENNE », ordinaire, apparemment sans souci. Elle rencontre Claude LUTER – proche de Sydney BECHET, du jazz New-Orleans, et de Mezz MEZZROW, - qui l’entend chanter le blues, lui dit de continuer et lui apprend à jouer d’une espèce de guitare à 3 cordes (triplet).

 

· Elle a un rapport privilégié avec la langue anglaise : elle travaillera plusieurs années, dans une usine de lunettes américaine, puis à la conférence des céréales du Grand Palais, enfin à l’OCDE de 1948 à 1962 comme secrétaire bilingue…

 

· Ce qui lui fera chanter le blues ? Toujours est-il qu’elle chantera de grands standards américains, notamment de Bessie SMITH, avec un excellent accent (BASIN STREET BLUES, DIDN’T…), et pas n’importe lequel mais le blues « de la dèche » « Grande voix qui n’avait rien à envier aux grandes chanteuses noires américaines », dira plus tard François TUSQUES. Elle n’est pas encore chanteuse professionnelle, elle n’a pas fait le saut, mais elle écrit aussi et chante ses chansons en présence de copains qui les trouvent parfois « anti-poétiques ». « Amenez moi des poètes ! » leur dira-t-elle. Ce qu’ils feront. Mais elle ne les choisira pas au hasard. Elle mettra en musique Aragon (RICHARD II QUARANTE), Rilke (HEURE GRAVE), Machado (J’AI CONNU TANT DE CHEMINS), Essenine, Hugo (LES TUILERIES, qu’Yves MONTAND chantera) à propos du monde, des gens, de la guerre.

Question : Anti-poésie, en premier : est-ce une forme d’engagement ?

 

· 1956 est l’année de sa découverte de la politique, de sa prise de conscience à propos de l’Algérie, sa révolution culturelle, son « chemin de Damas ». Un soir, elle voit l’attaque d’un meeting de « la gauche non communiste » sur la guerre d’Algérie par des opposants – visiblement d’extrême-droite – sous les yeux de la police qui n’intervient pas. Le lendemain elle cherchera en vain dans les journaux ce qu’elle a vu, elle les achète tous. À partir de là, elle lira tous les jours les journaux (4 H par jour), se tenant informée. C’était en 1956, elle avait 30 ans : c’était la guerre d’Algérie.

Question : Est-ce que ça lui inspirera ce qu’elle écrira en français (CO-OPÉRATION…) ?

À partir du moment où elle chante professionnellement
 

· En 1962, à l'âge de 36 ans, elle décide d’être chanteuse, elle saute le pas, elle se lance dans la chanson. Elle se produit un peu partout notamment à La Contrescarpe et elle obtient un succès en 1963 avec la chanson MELOCOTON, au « Petit Conservatoire de Mireille » qui la fera ainsi passer à la télé.

 

· Rencontre 1.- En 1963, j’avais 15 ans, un ami, me fait écouter un disque 45 Tours enregistré cette année-là. Je dis seulement : « Oh fan ! Quelle voix de chanteuse noire-américaine !» avant qu’il ne me montre le visage poupon laiteux de Colette MAGNY chantant « BASIN STREET BLUES » et « MELOCOTON »,.

 CM1.jpg

1963 - CBS 45 tours (ep) France-CG145 001

Basin street blues - Co-Opération /- Mélocoton - Nobody knows you when you're down and out

 

· On n’a connu pendant longtemps de Colette MAGNY que ses « reprises » de « blues » en anglais (Ella FITZGERALD, Bessie SMITH).  et « MELOCOTON », magnifique chanson de sa composition qui lui vaudra un succès immense à l’Olympia où elle volera la vedette à Sylvie VARTAN et Claude FRANCOIS dans "Les idoles des jeunes" entre le 04/04 et le 28/04 /1963 où elle sera programmée avec en plus des précédents :Pierre VASSILIU, Little EVA, Les TORNADOS.

 

CM7.jpgCBS – EP5622 - 1963

La ROSE DE RILKE – Dents de lait, Dents de loup - All of me – Why is a good man so hard to find.

 

 

 

 

 

 

2. Chansons de Colette MAGNY avant Mai 68
D’un côté elle écrit ce qui deviendra le succès : MÉLOCOTON. Mickey BAKER et CBS (sa boite de disque) lui demanderont de refaire des MÉLOCOTON, mais elle expliquera que ce qu’elle veut écrire, elle, c’est le quotidien, la vie, la peine des gens, le travail, les luttes… Ce qui lui vaudra les sarcasmes notamment de Mickey BAKER, guitariste américain qui l’accompagnait à ce moment-là : « Va faire tes (petites) chansons communistes qui ne rapporte(ro)nt pas un cens… ». Plus tard, agacée par les demandes incessantes de chanter toujours MÉLOCOTON, elle dira souvent : « Mélocoton est mort au Vietnam ! ».

De l’autre côté, elle écrivait déjà des chansons en formes de collage, des « chansons engagées ». Mon expérience m’avait fait croire qu’elle n’avait été chanteuse « engagée » qu’un fois connue – MÉLOCOTON ayant joué ce rôle par média interposé qui ne diffusait que cette chanson. Or, dès ce premier disque, avec MÉLOCOTON, en dehors de deux standards américains, il y a une chanson de sa composition : « CO-OPÉRATION » dont la forme fera dire à certains de ses amis que c’est « anti-poétique », car elle commence la chanson en citant les auteurs des citations qu’elle utilise ici, chose qui ne se faisait pas :

 

SARTRE, SUAREZ, CARLYLE, ALAIN,

 

Les cris qui se savent inécoutés enveloppent un horrible silence

Tu peux pleurer, tu peux crier, tu peux vomir,

Tu ne sauras jamais pourquoi tu es né

Tu peux gémir, tu peux cracher, tu peux maudire,

Tu ne sauras jamais pourquoi tu es né

Question : Déjà, elle dit des choses sur la vie, et prend des positions… Mais n’est-ce pas toute la chanson qui est comme ça ?

 

CM3.jpg1964 - CBS 30 cm : 62 416 - France - LES TUILERIES


Les tuileries - Monangamba - Rock me more and more - Chanson de la plus haute tour - La terre acquise - Saint James Infirmary - Mélocoton - Any woman's blues – Heure grave - J'ai suivi beaucoup de chemins - Didn't Lord Deliver Daniel - Chanson en canot - Richard II Quarante - Co-Opération.

 

 

· En 1965, elle rencontre François TUSQUES, Bernard VITET, Beb GUERIN, qui lui font découvrir Albert AYLER, Don CHERRY, qu’ils feront écouter en un spectacle « QUI A TUE Albert AYLER ? ». Elle leur fera enregistrer chez Mouloudji FREE JAZZ


et, avec eux, elle y enregistrera 4 chansons (Victor HUGO, Max JACOB…) d’une facture musicale autre que celle du précédent disque – facture due à la présence de ces musiciens.

  CM10.jpg

CBS – EP 6098


La fin de tout - Danse / - Néant - Égarées

 

 

 

 

 

· Entre 1963 et 1967, face aux difficultés d’enregistrer « CUBA – LE MAL DE VIVRE » par CBS, la maison de disque Le Chant du Monde lui ouvrira ses portes.

 

 

cuba-magny1964 - 25 cm - Le Chant du Monde - LDZ-S 4289 – France


Le mal de vivre (Cuba) - Le beurre et la frite / - 4 c.. - Choisis ton opium

 

 

 

 

 

· Elle continuera au Chant du monde avec Bura-Bura, écriture particulière d’une chanson parlée. Un article du « Nouvel Obs » - je crois - lui suggère :

« Bura-Bura, la maladie du rien faire, les Hibakuchas, PICADON, Eclair-Boum… »

Ce texte bien documenté (Picadon ne veut rien dire en japonais, mais est formé de deux mots « Pica » et « don » qui veulent dire « éclair » et « boum ») et qui fit dire à un pratiquant de la langue japonaise que Colette MAGNY était d’une grande précision, évoque la difficulté de vie des gens ayant été irradiés par la bombe atomique sur Hiroshima. Ça n’a rien à voir avec la politique sauf comme conséquence de la guerre de 39-45, recomposant le monde et ouvrant à la guerre froide et à l’anti-impérialisme.

 

CM-Bura-BuraLe Chant du Monde - EP 45 3230


Bura Bura - Les gens de la moyenne / - Aurons-nous point la paix ? - Trois motifs    

 

 

 

 

 

· « Voix parlée » qu’elle développera avec Michel PUIG dans un travail pour aller dans un domaine autre que la chanson, pour sortir du conformisme de la chanson, chose qu’elle voulait à cette époque, avec SNARKOSE - Jabberwocky - Malachites - La marche.

 

marcheLe Chant du Monde - EP 45 3254 1966-1967


SNARKOSE - Jabberwocky - Malachites / - La marche – Portrait

 

 

 

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve Le Tiers-Monde, dont l’emblème politique était le Vietnam, engagé alors dans une guerre de libération précisément contre l’emblème du premier monde (les États-Unis) avec VIET-NAM 67, ÉCOLIER-SOLDAT. Comment Colette MAGNY a-t-elle rencontré la question du VietNam ? Elle chantera pour un meeting : Comité VietNam de Base (C.V.B.) ou Comité VietNam National (C.V.N.) ?

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve aussi la condition et des luttes ouvrières avec « À St-NAZAIRE ».

 CM2.jpg

1967 – Le Chant du Monde 30 cm LDX 74 319


Vietnam 67 - Aurons-nous point la paix ? - Choisis ton opium - Désembourbez l'avenir - Viva Cuba - Je chanterai - Les gens de la moyenne - La blanche Aminte – La dame du Guerveur - Trois motifs - Bura Bura - À l'origine – Baise m'encor - À Saint-Nazaire.

 

 

 

3. Chansons de Colette MAGNY avec Mai 68

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve ce qui se passait dans le Tiers-Monde (…, Cuba, …) qui avait des répercussions dans les deux autres mondes.

 

CM11.jpg1964 – Le Chant du Monde - EP 45 3230


Frappe ton coeur - Le beurre et la frite - Colligeons - Le mal de vivre (Cuba) - Choisis ton opium - Je suis - Le temps des oiseaux - 4 c..

 

 

 

· Elle tentera des expériences musicales différentes avec ces structures musicales d’ALMURO, du Groupe de Recherches Musicales de l'ORTF depuis 1958.

 

Colette_Magny_33_T_Avec.jpg1966 - Mouloudji / Festival 30 cm : EMZ 13 510 - France


Avec Poème sur structure musicale d'André Almuro

 

 

 

 

 

Au moment de Mai 68, son disque 68-69 fit charnière dans sa vie, dans sa carrière, comme dans la chanson, comme Mai 68 a fait charnière pour beaucoup. Elle s’est laissé surprendre par l’événement.

 

· 1968, Chris MARKER et W KLEIN lui « donneront » des bandes enregistrées pendant les évènements qui, montées, serviront de préambule à des chansons comme ENSEMBLE, NOUS SOMMES LE POUVOIR, LE BOA, LA PIEUVRE (Rhodiaceta) en 1969..

Question : Comment s’est faite cette rencontre ?

mai1.jpg 

1969 Production Taï-Ki/Le Chant du Monde 30 cm:TK 01

              
Magny 68 / 69 - Nous sommes le pouvoir (essai sur mai juin 1968, documents sonores William Klein et Chris Maker) - La pieuvre - Le boa – Ensemble - L'écolier-soldat - Dur est le blé - Lorsque s'allument les brasiers

 

·  À travers une chanson Colette dit un aspect de « son » Mai 68 :

 

MAI 68 « NOUS SOMMES LE POUVOIR »
 

Un soir je revenais de chanter

On m’a téléphoné

Il y avait des blessés,

Des gosses matraqués.

J’ai eu peur,

Je ne suis même pas allée

Ramasser les blessés.

Dans les usines je me suis planquée

Pour les travailleurs, chanter.

« Là où la chèvre est liée,

Il faut mieux qu’elle broute » (B.Brecht)

J’ai rien vu, j’étais pas dans la rue.

Tout ce qui était gai,

Je l’ai manqué.

Chanter, c’était devenu dérisoire.

Je sais taper à la machine

Mais peut-être que je chante mieux

Que je ne tape à la machine.

Au mois de Mai, par l’espoir
Tout le monde se parlait.

 

4. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (1)
· 1969.- Chez BENEDETTO, en Avignon, elle rencontre Ernest PIGNON-ERNEST – qui dessinera plusieurs jaquettes de ces disques -, et Jean-Marie LAMBLARD - qui lui ouvrira le monde des pintades dont elle fera KEVORK vingt ans plus tard-. Ils feront spectacle ensemble pendant le festival. Jean-Pierre THORN y présentera OSER LUTTER OSER VAINCRE, en présence de Colette MAGNY qui le défendra contre un militant communiste qui voulait lui casser la gueule pour le contenu de son film : « Il a le droit de dire ce qu’il a à dire, même si ça nous conteste ! » dira Colette MAGNY sans être forcément d’accord avec ce film.

 

· 1972.- Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve les USA et le Mouvement Noir Américain, François TUSQUES lui ayant amené des documents sur les USA et les Black Panthers.

 

CM6.jpg1970 - Le Chant du Monde - LDX 74.444


Feu et rythme - K-Blues - Brave Nègre - U.S.A. - Doudou - Jabber Wocky - Soupe de Poissons- Malachites / - Prends-moi, me prends pas - A l'écoute - La Marche - L'église de Taban – Conascor

 

 

 

 

· 1972.- Elle soutiendra les grévistes de PENNAROYA, écrira cinq chansons qu’elle auto-produira plus tard, au plus près de la réalité des gens en grève.

· 1973.- SALEM, J’AI PAS LES PAPIERS, L’EXIL, …- et qui laissera des traces dans d’autres textes – MUSTAPHA -. Et ailleurs, CHRONIQUES DU NORD,

repression.jpg 

Scalen’Disc – CMPCD 03 – 1991 –(réédition du 33 T / 30 Cm -Le Chant du Monde - LDX 74 476 - 1972 + Pena Konga [inédit]) –

   
Répression / Pena Konga :Répression - Oink Oink : Babylone, Cherokee, Djoutche, Libérez les prisonniers politiques - Camarade-Curé - Pena Konga : Homme singe, King Kong, Marche ou crève, L’exil, Je rase les murs, Salem – Chronique du Nord.

 

Autour de la Rhodiaceta et avec cette rencontre avec Chris MARKER, elle participera au groupe MEDVEKINE.

Déjà elle avait mené des enquêtes à la Rhodiaceta : en allant sur place, dans les foyers, écouter, jouer avec, rentrer chez soi, écrire, envoyer un courrier pour vérifier si c’est bien ça, pour savoir si les mots sont justes, le temps que ça lui prend. « LA PIEUVRE » dont le Groupe MEDVEKINE fera un clip : « RHODIACETA 4 X 8 ». Enquêtes qu’elle continuera avec PENNAROYA..

 

François TUSQUES nous indique qu’à Grenoble pour le spectacle RÉPRESSION à la Maison de la Culture, 600 places, 3 ou 6 jours d’affilée, refusant du monde, lui était payé 2500 F par soirée, ça correspondrait à 10 000 F (1500 € actuels). C’était en 1973-1974. C’est dire sa notoriété. Puis plus rien.

Question : Pourquoi ? Des associations se « défonçaient » et arrivaient à organiser ce genre de concert puis plus rien ! Hypothèse que l’organisation des concerts passent des associations militantes à l’Union de la Gauche organisatrice ? Le Programme Commun fut-il l’élément qui brisa l’ élan en développant le pouvoir des villes en matière d’organisation de spectacle ?

 

· Rencontre 2.- En 1975, à Marseille, au Théâtre du TOURSKY, seule sur scène avec sa guitare enserrée entre ses gros bras, elle était grippée, je la retrouve. Un grand souvenir : « CAMARADE-CURÉ » avec le Chœur des Prêtres Basques qui arrive par derrière sur bande-son - pour la première fois pour moi - pour accompagner son :

« NON, NON, JE NE VEUX PAS, D’UNE CIVILISATION COMME CELLE-LA »

à savoir celle qui condamne le peuple basque.

Cette chanson a peut-être musicalement vieilli, elle ne paraissait pas ringarde dans sa forme à l’époque. Toujours est-il qu’elle osait amener un certain discours politique avec lequel nous étions nombreux à « consonner » à cette époque, tandis qu’elle « dissonait » auprès des grands de ce monde et leurs tenants, notamment les médias. Censurée et interdite dans les médias : une de ses amies lui dira qu’un stylet a rayé ses disques à l’ORTF, sauf MÉLOCOTON. Elle dira « J’emmerde le système et il me le rend bien… »

 

· 1973.- À Lyon, au Hot Club, elle rencontrera le FREE JAZZ WORKSHOP de Lyon : Jean MEREU (trompette), Jean BOLCATO (contrebasse), Louis SCLAVIS (clarinette) - tout jeune à l’époque -. Avec eux et la peintre Monique ABECASSIS, elle y fait l’expérience d’écriture collective sur la vie de chacun (LA PANADE). Tout en défendant le rôle et la place de la voix, l’importance du sens. Ce qui ouvrira plus tard à son travail sur A ARTAUD.

Cette année-là, à Montpellier affrontement à l’entrée d’un concert entre les organisateurs et des gauchistes. Ce qui fera des blessés. Elle sera traitée de « crapule stalinienne » par ceux qui lui reprochent le prix d’entrée des concerts. Elle écrira « LES MILITANTS ».

 Et à propos du texte LES CAGES A TIGRE qu’elle doit « faire » en chantant à la Fête de l’HUMA avec le FREE JAZZ WORKSHOP de Lyon, la veille, un membre du C.C. du PC est venu longuement discuter avec elle pour qu’elle n’indique pas qu’il s’agissait d’un « brevet français », dont Rock’N Folk dira : « Tiens vous avez remarqué pour les trucs de merde, là, la France réussit très bien à exporter sa production ! ». Il ne fallait pas attaquer l’impérialisme français… Elle pliera à cette injonction pour la fête de l’HUMA même si dans le disque le « brevet français » apparaîtra plus tard malgré tout.

CM5.jpg 

Le Chant du Monde - LDX 74 570 - 1975 - Transit

   
La panade - Les cages à tigre : La Digue de notre Village, Les Forêts de Bambous du Sud Viêt-Nam / - La Bataille - Ras la trompe : Le Pachyderme, Blues Ras la Trompe, Radio Cornac, Les Militants, Finale.

 

·     1975 pour le 1° Mai à Dunkerque avec Ernest PIGNON et les dockers elle fait spectacle : peintures, affiche, concert.

Dans l’avant et dans l’après 68 de Colette MAGNY, nous avons de nombreux témoignages des Galas, des récitals, des concerts de soutien aux grèves dont Jean Bodart : « En 1971, à la MJC de Croix (59), je découvre Colette Magny sur scène... En 1978, je chante sur la scène de la salle de la Marbrerie à Lille-Fives lors d'un gala de soutien aux éducateurs en grève et Colette Magny est la tête d'affiche... Et les expériences discographiques de Colette Magny se poursuivent… Encore quelques occasions de l'entendre sur scène, à Ronchin, à Aulnoye-Aymeries... La dernière fois que j'ai pu la voir, ce devait être en juillet 1987, à Figeac dans le Lot, où elle participait à la soirée de clôture d'un Festival d'Artistes Handicapés, elle avait chanté un standard de jazz, seule, s'accompagnant au clavier ».

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve l’Amérique Latine avec le CHILI, et un disque collectif avec des artistes.

 

CM4-copie-1.jpg1976 - Le Chant du Monde - LDX 74 599 - Chili un peuple crève... Maxime Le Forestier / Colette Magny / Mara


Un peuple crève - Gracias a la vida - Mazurquica revolutionarica / - El Aparecido - Oda a la mordaza - Herminda de la Victoria - La carta.

 

 

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve le conflit Israélo-palestinien, qui sera enregistré au Théâtre de La Ville à Paris qui ne restera inédit jusqu’en 1991 édité par CMP (Colette Magny Promotion)

 

feu.jpg1977 - Colette Magny Promotion / Scalen'Disc - - CMP CD04 -  FEU ET RYTHME, -inédit- Un juif à la mer un Palestinien au Napalm
Feu et rythme, K3 blues, Brave nègre, U.S.A. – Doudou, Jabberwocky, Soupe de poisson, Malachites, Prend moi ne prend pas, A l'écoute, La marche, L'église de Taban, Conascor - Un juif à la mer un Palestinien au Napalm : Introduction, Notre ville flambe, Yisrolik, Monish, Origine, Le soc, Carte d'identité, La terre, Je suis du peuple du livre.

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve les enfants handicapés, et un disque collectif avec ces enfants d’un IME.

chaanter1.jpg 

1979 - Le Chant du Monde - LDX 74 669 - Je veux chaanter


Y'a trop de malheurs à la Télé - Zoo Story - Psycho-médico-tranquillo-securito - Un canal de l'Est - Gouzou - Via Saint-Dié - Ça me fait du bien - Caoutchouc-maracas - Pipi-caca Story - C'est ma mère - La tristesse de Christelle - Histoire d'Orage - Sifflet à coulisses - Sandy - Guimbarde-épinette / Frikasia - b.a. - BA / Ah les sales gosses - C'est ça qu'on a dans le coco - Marie-Thérèse Leclerc - Faudrait pas faire le cirque, y'a une grand'mère en bas - L'amour, l'amour - Si je dis… - Abandon.

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve un poète connu : Antonin ARTAUD, et une inconnue, Sylvie DUBAL, et deux disques car les ayant-droits d’Antonin ARTAUD ne voulaient pas que sur un même disque il y ait des poètes que A. Artaud n’aurait pas aimés. Comme Frank ZAPPA, deux cas « uniques » de disques avec une seule face.

 

thanakan.jpg1980 – Le Chant du Monde - LDX 74770 -

 
Thanakan Montage de textes d'Antonin Artaud.

 

1980 - Le Chant du Monde - LDX 74770 bis - Cahier d'une tortue de Sylvie Dubal.

 

 

 

5. Chansons de Colette MAGNY après Mai 68 (2)
· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve les Blacks Panthers, 1982-3 : THE MEETING d’Elaine BROWN (Black Panthern), et toujours le blues, STRANGE FRUIT, avec Anne-Marie FIJAL.

 

CM8.jpgLe Chant du Monde / Harmonia Mundi – LDX 74776

   
Chansons pour Titine– 1983 - 1990 -1999 – "Bluesy, Bluesy "Chansons pour Titine" Blues

- Étude "Révolutionnaire" - Strange fruit - You go to my head - My heart belongs to Daddy - The Meeting (The Black Panther Anthem) / My man – Titine- The house of the rising sun - All of me - Young woman's blues - Mélocoton - Prison.

 

 

·  Dans l’œuvre de Colette MAGNY, on trouve des chansons enfantines, et un disque collectif.

berce 

1983 - Chant du Monde – Distribution Harmonia Mundi - LDX 100.312 – dans Berceuses du monde entier
33 T / 30 Cm


Toutouic – Le grand Lustukru – Le p’tit Quinquin – La petite poule grise.

 

· Rencontre 3. En 1989, le journal TÉLÉRAMA, sous la plume d’Anne-Marie PAQUOTTE, annonce que Colette MAGNY sort un nouveau disque, « KEVORK », en souscription. Avec des amis du groupe « CHANSONS DE L’ÉVÉNEMENT », nous sommes étonnés et écœurés qu’il n’y ait « pas une maison de disque pour cette grande dame de la chanson ! » Nous faisons une commande groupée, d’exemplaires de son disque, à quoi elle répond par une lettre de remerciements, notre commande lui permettant de rééditer d’autres CD. Nous lui enverrons notre cassette que nous venions de réaliser avec nos compositions intitulée « 68-88 ou vingt ans après » à quoi elle répondra par retour du courrier : « Ouf ! Ça rafraîchit que ça existe encore ! »

kevork1.jpg 

1989 - Colette Magny Promotion / Scalen'Disc - - CMP 01 - Kevork ou le délit d'errance


J'irai boiler dans les hurles - Quand j'étais gamine - Toune beni beni (viens ici, petite brebis) - Exil - Habiter la mer - Caqueta - Sphinx de nuit / Fils de Bahia - Kevork - Les multinationales déboisent - Chanson gastronomique - La danse des écus - Mustapha - Rift Valley

 

· Rencontre 4. Nous resterons en correspondance par lettre et au téléphone, pendant les sept années qui suivront, jusqu’à son décès en 1996, nous rencontrant deux fois.

 

· Dans l’œuvre de Colette MAGNY, un autre disque collectif où elle participe avec des musiciens à l’initiative de Jean-Jacques BIRGE, entre autres.

urgent.gif 

1991 – Urgent Meeting
CD – NO MAN’S LAND – nml/GRRR 2018 cd – dans UN DRAME MUSICAL INSTANTANÉ


Comedia dell’amore.

 

· Rencontre 5. Elle nous dira « un coup de gueule » pour préfacer le CD de Jean-Marc LE BIHAN « PAS À PAS » en 1994.

 

· Rencontre 6. Durant la période où Colette MAGNY est loin de tout, Pascal SEVRAN la recevra dans son émission LA CHANCE AUX CHANSONS, à sa demande face à la lecture d’un journal de chanson où une de ses amies la disait pratiquement morte. Il lui dira : « Quelle courage Madame MAGNY ! » et elle répondra : « Je n’ai pas le courage des terroristes ! » Silence sur le plateau. À la fin, Colette demandera s’il va couper, le chargé de relations de Pascal SEVRAN lui dira : « Non, sauf si vous le demandez ! » La conclusion de Colette qui me racontait cet épisode a été : « Pascal c’est un vrai homme de gauche ! » C’était au moment où SEVRAN appelait à voter Chirac.

     Didier BRASSAC dans son village, la découvrant chantant, dira son étonnement qu’une chanteuse puisse parler des « terroristes » alors qu’à la maison on ne parle que de les tuer.

 

· Rencontre 7. En 1995, juste avant le 15 Août, je mange avec elle à Verfeil-sur-Seye, avant qu’elle n’aille jouer à Uzeste, pour la dernière fois où elle chante, accompagnée par « GRECO et LES INSECTES »

 

· Rencontre 8. 31 Octobre 1996, nous fêtons les 70 ans de Colette à la Maison RUHL avec Didier et GRECO & les INSECTES.

 

· Rencontre 9. pour un spectacle « SUR LES PAS DE COLETTE MAGNY », scène nationale du Théâtre du Merlan à Marseille, le 22 Novembre 1996, elle ne pourra être des nôtres, étant alitée, mais une communication téléphonique sur le plateau pendant le spectacle nous permettra de parler avec elle en public, Jean-Marc LE BIHAN lui adressera sa « LETTRE A COLETTE ».

 

· Rencontre posthume 10. Décès de Colette MAGNY, le 12/06/1997. À son enterrement, pas grand monde. Catherine RIBEIRO chante « J’AURAIS TANT AIMÉ DANSER » dans la maison de Colette en dansant avec Christophe MAGNY, le neveu.

 

· Rencontre 11. Notre dernière rencontre s’est faite par la découverte de son œuvre chantée et picturale que nous tentons de faire connaître par de multiples moyens : soirées d’écoute de ses chansons proposées dans les quartiers pour tous ceux qui le veulent.

 

· Rencontres posthumes 12. Ces soirées d’écoute amèneront la suggestion d’un ami (qui trouvait que « FERRAT, à côté de Colette MAGNY, c’était de la gnognotte !!! ») de faire spectacle avec l’œuvre de Colette MAGNY. Puis nous organiserons des expositions de ses peintures avec vernissages chantés et concerts « J’AIMERAIS ÊTRE DU PAYS OÙ CE N’EST PAS LE DRAPEAU QUE L’ON AIME PORTER HAUT…. SUR LES PAS DE COLETTE MAGNY… J’AIMERAIS ÊTRE DU PAYS OÙ C’EST LA PENSÉE QUE L’ON PRÉFÈRE COMME DRAPEAU », spectacle autour du « PORTRAIT MUSICAL DE COLETTE MAGNY » par François TUSQUES et Hélène BASS, à Marseille et à Verfeil-sur-Seye, le village de Colette, en 2001, avec Didier BRASSAC, ami et dernier musicien, Jean-Marc LE BIHAN, chanteur, Jean-Paul FLORENS, musicien de jazz, et les « amateurs » de CHANSONS de l’ÉVÉNEMENT

Film en cours de réalisation « DU SUCCÈS DE MÉLOCOTON à KEVORK ou LE DÉLIT D’ERRANCE »…,

Chansons de Colette MAGNY chantées par le « CHŒUR DES GENS » et par tous ceux qui se trouvent autour au moment du concert…,

Archivage de tous les documents qui la concernent.

 

CONCLUSION
Si on parle de Colette MAGNY, c’est qu’elle a été connue, ayant « réussi ». À un moment, elle a compté dans le système de la chanson, le show-business : Petit Conservatoire de Mireille, Télévision, Olympia. Elle fut connue à ce moment-là comme chanteuse « de jazz », étiquette qu’elle refusait, car pour elle une chanteuse de jazz devait être capable d’improviser, pas elle. Puis, plus tard, ayant « opté » pour « les « choses » qu’elle voulait dire sur les gens, leur quotidien, leurs luttes…, l’étiquette de chanteuse « engagée » lui colla à la peau, ce qui provoqua parfois des quiproquos.

Pour parler de Colette MAGNY et MAI 68, nous parlons de son œuvre composée de plus de 100 chansons dont elle fut l’Auteure-Compositrice et de plus de 200 dont elle fut l’interprète.

De son œuvre de ce moment-là, de 1968, son disque « 68-69 » (paru en 69, réédité en CD par CMP en puis par EPM en 2008). Mais aussi de son œuvre depuis le début de sa carrière, son disque « VIET-NAM 67 », et même avant. Et même – et surtout ? – dans son œuvre après.

Pour parler de l’œuvre de Colette MAGNY, nous avons ici recensé l’ensemble de ses enregistrements. Mais pour en parler mieux encore, autrement, il faudrait aussi analyser son écriture littéraire et musicale – paroles et musique -, et retrouver aussi tout ce qu’elle a pu dire/faire sur son œuvre, sur sa vie, sur l’actualité, ce qu’elle pensait, disait de sa vie, de sa conception du monde, de ses convictions, de sa découverte de la politique – nous l’avons un petit peu fait -. En fait, elle fut une artiste professionnelle : au sens qu’elle a exploré tout son art pour inventer sa propre voie/voix/écriture/spectacle.

Elle a inventé sa propre manière d’écrire des chansons. Elle n’est, elle n’était, guère « cataloguable », réductible, tant la force de sa voix, la pensée qu’elle affirmait haut et fort, ses convictions… étaient à fleur de peau.

Colette MAGNY a existé, ayant franchi le pas dans la chanson pour être professionnelle, faire sa vie de/dans la chanson - chanson américaine, chanson française –, elle s’est donnée à entendre par tous ceux qui le voulaient. C’était une personne publique, elle disait d’ailleurs : « pas de vie privée pour une personne publique… » Tout le monde, tous ceux qui l’écoutaient, pouvaient aimer, ne pas aimer, débattre de ce qu’elle disait dans ses chansons, de ce qu’elle pensait.

Personne n’est jamais sorti indemne de la rencontre avec cette chanteuse. Elle était une sorte d’événement : force, violence, déflagration, fêlure. Elle ne disait pas tout et laissait à chacun le soin, le loisir de l’enthousiasme, mais aussi de tout ce qu’il y avait à faire.

Il y a, il y avait cette voix qui avait été dite « première voix du jazz français » ayant volé la vedette aux yéyés (Claude FRANÇOIS et Sylvie VARTAN) à l’Olympia.

Il y a, il y avait cette voix – « Elle n’avait rien à envier à aucune chanteuse noire américaine ! » dit François TUSQUES à son propos -, cette voix qui a commencé par chanter des standards américains de Bessie SMITH, Billie HOLLIDAY… et qui a gardé des traces de la prononciation américaine quand elle chantait en français, avec un vibrato qui peut surprendre beaucoup de gens, et dont elle disait qu’elle ne savait pas comment elle chantait mais que c’était comme ça : elle ne pouvait pas chanter autrement. Ça pouvait donner à sa voix parfois un caractère sophistiqué en écart avec les textes très « enquête », très « terrain », très « populaire ».

 

Les musiques de Colette MAGNY – ses mélodies, ses harmonies – n’étaient pas forcément très élaborées, ou plus exactement pas très compliquées. ça ne l’avait pas empêché de travailler avec les plus grands musiciens du Jazz, du Free-Jazz et de la musique contemporaine, avec qui elle défendra toujours la question du sens de ce qu’elle dit par rapport au fait que certains musiciens considéraient sa voix comme un instrument.

Barre PHILIPS, Beb GUERIN, FREE-JAZZ-WORKSHOP de Lyon, autre musique, écriture collective/individuelle.

Si, pour certains, sa musique est « maigre », ça n’empêchera pas François TUSQUES de créer en 2001 un PORTRAIT MUSICAL de Colette MAGNY, variations pour piano et violoncelle (Hélène BASS) sur les thèmes mélodiques des chansons Colette MAGNY, preuve s’il en est qu’il y a de la musique.

Dans son écriture, ce qui est important c’est le texte, ce qui fait dire à certains musiciens que « sa musique n’est pas carrée ! » Dans son interprétation, certains comme Daniel HUMAIR ne la trouvent « pas en place », Jean-Jacques BIRGE dira qu’elle est « à sa place », et François TUSQUES : « On disait la même choses de John Lee HOOKER ! ». Elle fit swinguer Victor HUGO (Les Tuileries), fit entendre RILKE (Heure Grave).

Question : Michel PRECASTELLI la fera travailler pour qu’elle soit en mesure.

 

Il y a, il y avait ces textes faits de collage, de textes « à dire » (LES CAGES A TIGRES), de montage (bande-son de la reprise du travail dans une usine, bande-son à laquelle elle accrochera une chanson faisant état des conditions de travail en usine…), de citations (CO-OPÉRATION, FRAPPE TON CŒUR) avec pour thèmes : le rapport des gens entre eux, l’enfance/l’adolescence… qu’elle continuera même après sa mise en musique des poètes. Où elle osa ce que personne n’avait fait jusqu’à ce moment, prenant son inspiration parfois dans le journal, d’autres fois dans ses lectures, souvent plus tard dans ses enquêtes sur place.

Elle était passée du jazz New-Orleans avec Mickey BAKER, au Free-Jazz avec François TUSQUES, Louis SCLAVIS, Aldo ROMANO, Henri TEXIER, Georges ARVANITAS, Jean MEREU, Jean BOLCATO, GUEM, Noël McGHIE, Denis COLIN, Jean-Jacques BIRGE, Bernard VITET, Beb GUERIN, Barre PHILIPS, Jean-Jacques AVENEL, GUEM, ont joué avec elles, et bien d’autres… et de l’écriture individuelle à l’écriture collective. Elle s’était essayée dans la voix parlée avec « BURA BURA », puis plus tard voulant faire « autre chose que la forme chanson », elle travailla avec Michel PUIG – musicien compositeur contemporain, notamment sur trois textes : « JABBERWOCKY », « MALACHITES », « LA MARCHE ».

 

En suivant François NICOLAS dans sa présentation de MAI 68, nous pouvons dire que Colette MAGNY – indépendamment de sa notoriété, en plus de sa notoriété - se trouve marquée, avant Mai 68, par la guerre d’Algérie, en 1956, pour sa prise de conscience, dans ses chansons, par le jazz avec sa rencontre avec Claude LUTER, et le fait qu’elle commença à chanter des standards américains avant d’être connue, puis par le free-jazz avec sa rencontre avec François TUSQUES qui lui fit découvrir COLTRANE, AYLER, DON CHERRY, par Cuba, le Vietnam, la condition ouvrière (CHRONIQUES DU NORD).

Et dans l’après 68, s’étant laissée surprendre par l’événement : avec sa rencontre avec Chris MARKER et le groupe MEDVEKINE ; avec le FREE-JAZZ WORSHOP de Lyon, en 1975 : autre musique ; avec écriture collective/individuelle ; avec les ouvriers de PENNAROYA, en 1973 : SALEM, J’AI PAS LES PAPIERS, L’EXIL ; avec l’Amérique Latine, les Black PantherS, (THE MEETING, 1983) ; KEVORK (MUSTAPHA, chanson sur les foyers d’ouvriers immigrés, CAQUETTA, chanson-revue de presse sur l’Amérique latine, en 1989).

Et la politique, pour Colette MAGNY, qui ne peut pas se résumer à son compagnonnage avec le PC, dans LES CAGES À TIGRE, le Vietnam est encore présent dans l’œuvre de Colette MAGNY, elle y mettait en cause l’impérialisme français inventeur de ce système de torture...

Pour reprendre la question de son engagement, des choses à travailler, à élucider : Colette s’est située dans cet événement mais peut-être, dans une position « d’avant » avec son compagnonnage avec le PC. Nous savons comment la politique est entrée dans sa pratique par la guerre d’Algérie, mais pas comment elle est devenue membre du PC : où ? quand ? pourquoi le PC ? quelle militance ? À quel moment et pourquoi sa séparation du PC ? Questionnement général sur le compagnonnage des artistes avec le PC. Ce n’est pas pour cela qu’elle fut traitée de « crapule stalinienne » mais parce que certains ne voulaient pas payer l’entrée des concerts, dans les années 70.

Des questions restent en suspens.

 

*

 

Les Sources de ce texte sont l’œuvre de Colette MAGNY : chansons (plus de 100 écrites par elle), partitions, enregistrements (plus de 200 chansons enregistrées), ce qu’elle a dit elle-même et ce qu’on a dit d’elle, de son travail (PAROLES ET MUSIQUE, CHORUS, les livres « CITOYEN-BLUES », « LE CHANT LIBRE, free jazz », les journaux…), les entretiens pour le film que nous préparons, entretiens privés, correspondance, archives.

 

––––––––

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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 18:44


Colette Magny (1926 - 1997) was a French song writer, composer and singer. Overlooked by the media because of her political engagement, she had success in the 1960's with her blues-oriented repertoire and a big hit with her song "Melocoton (and gum balls)" (1963).
Gifted with a strong and melodious voice, she was one of the few French singers at ease with blues and jazz. She sang the poems of great French poets (Rimbaud, Artaud, Aragon, Villon) as well as the repertoire of great blues and jazz singers (Bessie Smith, Billie Holliday) or her own, very creative, songs.
Discover or rediscover the rich voice and soul of the great Colette Magny!
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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 16:33
Extrait d'un article paru dans le magazine culturel n°1 de Cherokee de janvier 2008 :

Pourquoi avoir choisi Cherokee pour titre de journal ?
Comme vous le savez sûrement, la tribu Cherokee, native d’Amérique du Nord, a jadis souffert d’un effroyable génocide, comme toute tribu indienne qui se respecte. Mais Cherokee, c’est également une chanson de feue Colette Magny, chanteuse engagée méconnue, dont les paroles évoquent les peuples opprimés au cours de l’Histoire. En bref, Cherokee suggère l’esprit de tribu, de communauté unie face à la répression, mais aussi de liberté, de différence et de résistance.
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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 08:58

LOGOerea_a3_MAGNY_petit.jpgLu sur le site de l'Etablissement régional d'enseignement adapté de Lys Lez Lannoy - Colette Magny :

 

 

 

 

cmagny.jpgColette Magny a été une chanteuse non seulement boudée par les médias, mais encore carrément censurée du temps des gouvernements de droite, tant son engagement politique a fait des vagues dans le monde aseptisé la chanson sous contrôle. Née en 1926, Magny chante d'abord le blues (Bessie Smith, Billie Holliday). Elle débute dans la chanson à 36 ans, dans une première partie du spectacle de Sylvie Vartan à l'Olympia, avec dans son répertoire

"Melocoton" qui fut son unique tube. Magny, par la suite, tombe un peu dans l'oubli, refusant l'étiquette de chanteuse de blues nationale que certains voulaient lui faire endosser. Colette Magny nie le et les systèmes et affirme son engagement politique sans concession, ce qui amène la contestation de certains militants jusque dans ses spectacles. Colette magny ébranlée par tant d'oppositions cesse un temps de chanter en public et se tourne vers la création collective.
Dans une interview pour la revue "Paroles & Musique", elle dit à Jacques Vassal : "Les artistes disent : les planches me brûlent; moi ça me brûle pas.
J'ai une responsabilité parce que les gens se déplacent pour me voir chanter".
C'est l'intégrité de la chanteuse qui parle et qui n'accepte pas la censure, c'est pour cela qu'une de ses copines qui travaillait alors à l'O.R.T.F. lui avait confiée "Vos disques sont rayés transversalement au stylet".
Colette Magny n'en n'a pas moins pour autant continué de chanter sa révolte.
Elle a abordé des thèmes peu porteurs dans le monde du spectacle : le racisme, le nucléaire, l'indifférence, l'écologie, les hommages aux peuples opprimés et qui luttent (le Viêt-nam, Cuba), les guerres anti-impérialistes, et tant d'autres encore.
Très influencée par le jazz, ce qui lui a valu cette étiquette de chanteuse de blues, Colette Magny a été accompagné par le guitariste noir américain Mickey Baker, mais également par l'accordéoniste Lino Léonardi, complice de la chanteuse Monique Morelli.
Magny a mixé des textes et des documents sonores au sein de ses chansons, créant un style nouveau et unique.
Colette Magny a rendu un hommage à Antonin Artaud, mis en musique des textes d'Arthur Rimbaud, Antonio Machado, Louise Labé, Pablo Néruda, Victor Hugo.
Elle a également interprété des chansons de Vittorio Jarra et de Violetta Parra, chanteurs chiliens "Les gens de la moyenne".
Voix cri, voix blues, voix vérité, Colette Magny la contestataire de l'ordre établi quand il y a injustice, remet en cause nos certitudes, défend des causes comme celle des "Black Panthers" ou des peuples opprimés.
Magny chante l'homme, la révolte, la tête haute sans jamais baisser la garde.
Authentique et entière, elle l'est toujours restée malgré les critiques et les quolibets, la censure et l'ignorance, pour être cette grande dame de la chanson française, hélas trop oubliée.
Dernier petit clin d'œil à Colette Magny pour ce disque enregistré avec des enfants d'un I.M.P. (Institut Médico Pédagogique) pour financer un projet d'ouverture d'une crêperie et cet autre pour le peuple chilien en collaboration avec Maxime Le Forestier. 

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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 11:00

Article publié sur le site MusicStory :

Auteur-compositrice-interprète à la voix puissante et au caractère bien trempé, Colette Magny, trop peu connue malgré un talent hors-norme, s’inscrit dans la lignée de Ferré ou des poètes insoumis qu’elle a chanté, tels Verlaine et Aragon. Après son succès de 1963 « Melocoton », elle aura chanté pour dénoncer avec énergie l’oppression des peuples, l’injustice politique, avec ce trop plein d’énergie et de rage qui lui a valu de subir la censure des médias. Restent ses albums, avant-gardistes, empruntant les voies du jazz, du blues et du rock (Feu et Rythme en 1970, Chansons pour Titine en 1983) qui vont continuer à inspirer beaucoup artistes.

Colette Magny est née le 31 octobre 1926 à Paris. Après avoir travaillé de longues années en tant que secrétaire bilingue (elle parle couramment anglais) à l'OCDE, elle décide de se consacrer à sa passion, ce pourquoi elle est taillée : la musique. Sa voix aussi subtile que puissante, est empreinte d’une émotion rare, ce qui lui donne des prédispositions certaines pour le blues et le jazz.


Melocoton

Ce don unique l’entraine dans quelques cabarets Parisiens, où elle est repérée au début des années 1960. Elle se produit en première partie des vedettes de l’époque et, en 1963, se fait connaître avec la chanson « Melocoton », à la poésie nostalgique et enfantine contrebalancée par sa voix mûre. Ce succès lui permet d’enregistrer un album Les Tuileries, publié chez CBS en 1964.


Hors-norme

Mais dans la vie, Colette Magny se soucie peu des paillettes et des plans de carrière. Les raisons pour lesquelles elle s’est lancée dans la voie artistique, lui viennent d’un profond engagement politique et humaniste. L’album Vietnam 67, sorti en 1967, prouve de quelle matière est faite cet artiste au physique et au caractère hors-normes, qui impose le respect autant qu’elle dérange. Elle s’appelait elle-même le pachyderme et avouait « Si on ne me laisse pas chanter ce que je veux, je préfère me taire ». A l’aube de mai 68, ses chansons « Lorsque s’allume les brasiers », « Désembourber l’avenir », « Aurons-nous point la paix ? » l’inscrivent dans la lignée des insoumis tels Brel et Ferré, ou Verlaine, Aragon et Rimbaud qu’elle chantera.


Feu et rythme

Dans les années 1970, elle signe sur le label Le Chant Du Monde et emprunte les chemins du blues, du rock progressif et du free jazz dans une série de brûlots engagés, tels Feu et Rythme (1970), album qui prouve la hauteur de ses ambitions.

Suivent Répression en 1972, Transit en 1975 et des projets aux côtés d’orchestres de jazz qui permettent à un public restreint de découvrir ses improvisations vocales impressionnantes. Trop restreint, car l’insoumission et les provocations de Magny lui valent de subir la censure des programmes de radios et des médias en général.


White blues woman

Elle retrouve un plus large public avec l’album Chansons pour Titine en 1983, qui contient des reprises des grands classiques du jazz (« Strange Fruit », You Go to My Head »…) puis Kevork ou le Délit d'Errance en 1989.

En 1991, sort un disque de chansons inédites qui comporte l’enragée « Rap’toi d’là que je m’y mette ». Celle que l’on présente désormais comme une Bessie Smith blanche, décède le 12 juin 1997, à son domicile de Villefranche-de-Rouergue dans l’Aveyron.

Anne Yven

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1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 12:16
Texte publié à l'occasion de la création de ce spectacle :

Colette Magny, cette “mamma du blues”, à la voix puissante et orageuse, a combattu toute sa vie, en chansons, pour dénoncer l'ordre établi, l'injustice, défendre l'écologie et rendre hommage aux causes des peuples opprimés et révoltés. Voixcri, voix-blues, voix-vérité, elle a exploré des sentiers musicaux surprenants, du free jazz au rock progressif en passant par les ballades les plus épurées.

Trop dérangeante pour les faiseurs d'émissions musicales, cette grande dame de la chanson française est restée trop longtemps dans l'ombre. Dix ans après sa disparition, la découvrir fait l'effet d'un coup de poing au coeur qui révolte, questionne et stimule.


Les multinationales déboisent
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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 14:48

Paru dans Le Parisien du 14/09/2007 sous le titre "Les champions de la participation" :


Les recordmen du nombre de participations à la Fête de l'Huma : l'accordéoniste et enfant de La Courneuve Marc Perrone, qui y a joué dix-sept fois, et, pour le contingent étranger, le mythique groupe chilien Quilapayun, qui a fait huit apparitions entre 1973 et 2004. Catherine Ribeiro détient le record des participations féminines avec sept concerts, de la grande scène aux petits stands, devant Isabelle Aubret. Arrivent ensuite Lavilliers, Nougaro, Alan Stivell et Manu Dibango (six fêtes), puis Le Forestier et Higelin (cinq). Les chanteuses militantes Colette Magny, Juliette Gréco, Sapho et Catherine Sauvage sont venues quatre fois. Comme Idir, Gilles Servat, Mouloudji et les Toulousains de Zebda. Johnny Clegg vient cette année pour la troisième fois et égale Léo Ferré. Jean Ferrat, curieusement, n'est venu que deux fois. Et Brassens n'y a jamais chanté.

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21 juillet 2007 6 21 /07 /juillet /2007 08:37

Extrait de l'article de Francis Marmande publié dans Le Monde du 21 juillet 2007, sous le titre "Même morts, les musiciens restent là, Kirk, Ayler, Coltrane..." :


Entretien avec Beñat Achiary, chanteur et directeur d'Errobiko Festibala, au Pays basque

Stature de pelotari, voix, puissance, tessiture, souplesse hors du commun, tempérament de sage oriental, Beñat Achiary pratique l'improvisation vocale comme les oiseaux du village basque d'Itxassou (Pyrénées-Atlantiques) le chant. Depuis onze ans, il y anime l'Errobiko Festibala.

Achiary connaît le répertoire traditionnel, des formes les plus archaïques aux chants de fête et de repas. Son style à lui est un long dialogue avec la poésie contemporaine, une réflexion de l'oralité. Qu'il s'exprime avec les musiciens improvisateurs risque-tout (Michel Portal, Bernard Lubat, Michel Doneda), avec les flamencos sensibles (Pedro Soler) ou les poètes essentiels (Edouard Glissant) n'a rien pour étonner. [...]

Vous considérez-vous comme un chanteur de jazz ?

Si l'on s'en tient aux étiquettes, non, c'est clair. Je chante des thèmes de jazz ( Django, de John Lewis, par exemple), mais je ne me suis pas développé comme un qui viendrait du vivier du jazz. Ça ne me gêne pas. Ceux avec qui je joue non plus.

Ceux qui croient que je ne le suis pas sont victimes de leurs filtres. Je viens d'enregistrer Avril parce qu'on l'a réalisé en avril dans les Landes, en sympathie avec cette pluie douce, obstinée, sur les feuilles. Le premier mot vient d'un chant de Basse-Navarre : « En avril, les nuits sont courtes et la petite lune se fait attendre. » Il s'agit de la séparation des amoureux, le dernier échange des regards.

Quel genre de travail doit-on engager dans l'improvisation telle que vous la pratiquez ?

En connaître beaucoup pour beaucoup oublier, abolir définitivement les barrières entre l'improvisation et l'interprétation, se souvenir, au sens de cette démarche - gogoratu - qui, dans la langue basque, désigne le geste de rendre présent, re-vivre, re-naître, donc, improviser toujours.

Les chanteurs populaires, ils ne le savent pas, font face au même processus. On chante toujours pour la première fois. Tout ce travail vise à ce que le chant advienne. En réalité, Artze le poète en parle très bien, « c'est le chant qui te choisit ».

Le chant qui te choisit : dans Avril, vous l'avez pris où ?

Femmes, hommes, Noirs, Blancs, le chant m'arrive, je remonte la piste, j'écoute toutes les versions que je peux trouver, et je parviens à l'éventualité de la mienne. De Colette Magny, j'ai repris The Meeting, l'hymne des Black Panthers, une conversation très placide entre un homme et une femme, leurs rêves, la perception de l'autre, les changements à venir, c'est très rare pour un hymne de parti. [...]

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