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31 octobre 2022 1 31 /10 /octobre /2022 08:39
mix musical francophone

Podcast de l'émission "Les sardines francophones" en hommage à Colette Magny, une  voix de velours, une voix de colère, diffusée le 31 octobre 2022 sur ORANGE 94.0, la radio libre de Vienne (Autriche) :

https://cba.media/582220

 

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2 septembre 2022 5 02 /09 /septembre /2022 06:42

Article paru dans La Dépêche :

Hommage artistique sur la tombe de Colette Magny, à Selgues

La journée du samedi 27 août pourra rester gravée dans la mémoire des Verfeillais. Les organisateurs de la Maison de la Halle ont donné à cette journée un programme tout en finesse et nuances. Pour conjurer la commémoration d'une morte, les jeux de mots ont tenu loin le pathos ou les jérémiades et les calembours sont allés bon train. Depuis « la Magny fit sens », la « Colette de fonds », « l'action colettive », l'iconoclaste chanteuse à la voix tour à tour rauque et chaude, et auteure de textes à la fois engagés, généreux et lumineux a été honorée comme jamais les médias n'ont su le faire. Cathon-Cataix, héritiers spirituels et grands artistes, ont donné du chœur sous les ombres d'un sentier près de la tombe de Colette. Les hommages y ont défilé, toujours émouvants.

La radiophonie se vengeait avec une table ronde « sur les pas de Colette » (sa vie, son œuvre, vous avez 3 heures !) Bravo les artistes !

Et puis pratiquement tous les arts se sont donné rendez-vous dans la bastide choisie par l'artiste pour y finir sa vie. Cirque, chanson, danse, cinéma, littérature, funambules, sculpteur, scène ouverte, musiciens, chanteurs, poètes, chamanes, électro, rappeuses colombiennes... un enchantement à chaque rencontre.

Serge Perez a accompagné des acrobates
sur des chansons de Colette Magny

Yann Madé était présent pour dédicacer
sa BD  sur Colette Magny

Grégoire et Benoît Magny ont
notamment chanté "Melecoton"

Faïza Kaddour a présenté son spectacle
Délit d'errance

Pour les générations qui ont à découvrir l'œuvre de Colette Magny une exposition et des films : des pages et des sites sur internet... leur montreront toute l'actualité des combats qu'illustrait l'artiste trop méconnue. Des citoyens vivants ! Sans subvention mais pas sans engagement de votre part (faireundonalamaisondelahalle vous propulse sur une « colette de fonds » partagée par helloasso.com), la Maison de la Halle a réussi un authentique festival (à raccrocher la lune!). Décidément, cette association anime et cultive ce coin de territoire d'une façon qui ajoute à l'art de vivre la culture en milieu rural, une pratique autant résistante que résiliente en faisant des propositions et en les mettant en œuvre. Puisse revenir le temps où la diversité de l'art trouvait des points de ralliement, le temps d'un festival, dans des cités aux traditions de convivialité bien ancrées dans les populations (la conviviviencia des Occitans avant l'invasion inquisitrice) !

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30 juin 2022 4 30 /06 /juin /2022 07:07

A l'occasion de la sortie du livre de Yann Madé, Marie-José Sirach consacre un article à Colette Magny dans L'Humanité Magazine :

 

Enfant du rock et de la bande dessinée, Yann Madé consacre un roman graphique à celle qui chantait le blues « comme une Noire ».

Le parcours, le répertoire de Colette Magny, chanteuse engagée, enragée, féministe, punk dans l'âme, témoignent d'une artiste qui n'a jamais fait de concessions. Ni au showbiz, ni à la gauche et encore moins à la droite. Secrétaire jusqu'à ses 30 ans, elle est attirée par le blues, qu'elle découvre en fréquentant les boîtes de jazz parisiennes. Musicienne, elle chante Bessie Smith ou Billie Holiday pour elle et ses copains, croise la route du saxophoniste Claude Luter, du côté de Saint-Germain, qui l'encourage à monter sur scène. C'est l'époque où les artistes écument les boîtes de la rive gauche pour gagner leur croûte. Colette décide de plaquer son boulot et tente sa chance. Trop jazz, trop grosse, trop ceci ou cela, s'entend-elle dire. Jusqu'à ce qu'une connaissance lui obtienne un passage au « Petit Conservatoire de Mireille » . Cette émission diffusée sur la seule chaîne de télévision était une sorte de télé-crochet d'excellence qui a permis de découvrir Françoise Hardy ou Yves Duteil. Colette Magny aussi, même si elle a 20 ans de plus que les autres. Sa prestation est saluée, Mireille l'encourage et lui suggère de revenir une prochaine fois « avec une chanson en français ». Quelque temps après, une maison de disques signe avec Colette. Sur le disque figure LA chanson qui va éclipser toutes les autres, « Melocoton».

Entre-temps, Colette Magny s'est intéressée à la politique. Comme beaucoup de sa génération, c'est la guerre d'Algérie qui sera déterminante dans son engagement. Un engage-ment qu'elle ne reniera jamais, ni sur scène, ni à la radio, ni à la télé (où elle n'était quasiment jamais invitée), ni dans la vie. Très vite, elle met en musique les poètes, reprend des standards de blues et des protest songs américains. À partir de 1968, elle chante dans les usines occupées, participe à tous les galas de solidarité avec les ouvriers, les femmes, les travailleurs immigrés des foyers Sonacotra...

UN FERRÉ AU FÉMININ... OU L'INVERSE?

Colette Magny, c'est une voix puissante, profonde, surgie du fond des entrailles. C'est une femme qui a payé cher son engagement politique, ses « petites chansons communistes », du titre du très bel album de Yann Madé. Un album qui ne suit aucun ordre chronologique mais qui, à travers des témoignages qu'il a recueillis au fil de son enquête, brosse un portrait juste et sensible de cette artiste hors normes, au caractère bien trempé. Il a rencontré d'anciens compagnons de route et de combat, notre ami Ernest Pignon-Ernest qui dessina une des plus belles pochettes d'albums de Colette. Pour illustrer quelques-unes des chansons du répertoire, Madé a eu l'idée géniale de glisser des planches dessinées à la manière de Tardi, Walt Kelly, Crumb, Florence Cestac, Moebius, Manuel Vazquez, Franquin, Vallotton ou encore Reed Waller...

En marchant sur les traces de Colette Magny, on revit une sacrée tranche d'histoire de la chanson et d'histoire tout court. Colette Magny est morte il y a vingt-cinq ans, dans sa vieille ferme perdue au fin fond de l'Aveyron. On disait qu'elle était un Ferré au féminin. «Et pourquoi ne dirait-on pas que Léo était une Colette au masculin ? » répondait-elle, amusée. Malgré la censure, elle a laissé des traces chez nombre d'artistes. Bien sûr, chez Lavilliers et Catherine Ribeiro et, plus proche de nous, chez Noir Désir, Olivia Ruiz ou Orelsan, qui, à l'antenne de France Inter en 2017, lui rendait un vibrant hommage. Colette Magny a semé des graines. Voilà qu'elles continuent de pousser.

 

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2 mai 2020 6 02 /05 /mai /2020 17:12

Dans le Creusot-Infos, Jean-François Gallet, passionné de chansons, invite à profiter de cette période de confinement pour découvrir ou redécouvrir des chanteurs...  et notamment Colette Magny.

Cliquez ici pour consulter cette présentation

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 14:28

Article paru dans La Dépêche du Midi du 18/06/2017 : 

 

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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 06:41

Article paru dans La Dépêche du Midi :

Colette Magny est morte, il y a vingt ans, à Villefranche, qui s'en souvientCe 12 juin 2017 a marqué les 20 ans de la disparition de Colette Magny, décédée au centre hospitalier de Villefranche. La chanteuse de blues française à la voix extraordinaire, flirtant parfois avec les accords dissonant du free-jazz, était installée à Selgues, près de Verfeil-sur-Seye dans le Tarn-et-Garonne rouergat. Une fois, elle était venue échanger avec des artistes accueillis en particulier dans le cadre du festival Les Voix du Sud comme aux Augustins avec la chanteuse grecque Angélique Ionatos avec laquelle elle se laissa aller à pousser une mélodie grecque avant de partager un repas avec son amie et les organisateurs des Ateliers de la Fontaine…

Du succès de «Mélocoton» et des planches de l'Olympia aux usines en grève, Colette Magny a préféré porter la voix des oubliés de l'Histoire, au risque d'être elle-même ostracisée et boudée par les médias grand public, malgré sa poésie magnifique et ses collaborations avec certains des plus grands musiciens et artistes de son époque : Francesca Solleville, Catherine Ribeiro, Ariane Mnouchkine, Marcel Mouloudji, Maxime Le Forestier, Ernest Pignon-Ernest, Aldo Romano…

Ses inspirations musicales, son goût pour l'expérimentation, son combat politique et sa passion des mots sont autant de thématiques qui ont inspiré les artistes de jazz, de blues et de chanson française, mais aussi de rap ou encore de slam.

L'association En garde ! Records, label indépendant promouvant un art militant, organise un festival-hommage à Colette Magny, en octobre, à Paris.

Cet hommage sera l'occasion de faire découvrir ou redécouvrir cette artiste immense autour d'une exposition permanente et d'événements artistiques et culturels qui se dérouleront en région parisienne…

«Nous espérons que cet hommage aidera à placer 2017 sous le signe de Colette Magny et d'une culture indépendante et transgressive, dans une époque qui en a tant besoin.» Et pourquoi pas quelque chose, un jour qui sait, dans ce bas Rouergue devenu bien trop sage.

«J'ai réfléchi toute une nuit sur la notion de sécurité ; au petit matin, considérant que cette notion n'existait pas, j'ai donné ma démission et j'ai choisi de devenir chanteuse.» Colette Magny.
 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 11:17

Extrait dépêche AFP du 26/09/2011 :

 

Le Conseil de Paris qui se réunit de lundi 26 à mercredi 28 septembre 2011 a à son programme quelque 900 délibérations, sur l'hébergement d'urgence, la rentrée scolaire, ou sur une taxe de balayage vieille de 140 ans que la majorité du maire Bertrand Delanoë (PS) veut réformer. [...]

Des délibérations sont également prévues sur le projet d’héliport d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), souhaité par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, mais refusé par la majorité municipale, sur la gratuite des consultations juridique et comptable pour les très petites entreprises, ou sur des nouveaux noms de rues (Colette Magny, Henri Verneuil, Alain Bashung).

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 08:54

Lu dans Le Monde du 15/03/2011, article intitulé "Les femmes remarquables sont à côté de la plaque" de Mélina Gazsi :

Levez le nez pour chercher une adresse et vous verrez que le monde est subitement d'un seul sexe. Dans un pays qui clame l'Egalité au fronton de ses édifices publics, seuls 9 % des rues portent un nom de femme. En matière d'odonymie, l'égalité est à côté de la plaque.

Dans la capitale, les équipes s'efforcent de faire mieux que les malheureux 3 % de 1997. A cette date, elle comptait 6 088 rues parmi lesquelles 3 750 portaient le nom de personnages remarquables dont 111 noms de femmes. En 2011, 166 rues honorent le deuxième sexe. Certes, la parité n'y trouve pas son compte, d'autant que le nombre des rues a été porté à 6 365. Mais elle progresse. « Il est nécessaire de reconnaître le rôle et la place des femmes dans la société et de leur donner une vraie visibilité, si l'on veut faire avancer l'égalité », affirme Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris chargée de l'égalité femme-homme.

Cette nomenclature ne tient, toutefois, pas compte des espaces verts, sportifs et culturels. Ces dernières années, Simone de Beauvoir a eu sa passerelle entre les 12e et 13e arrondissements, à un jet de pierre de la piscine flottante Joséphine-Baker, Marguerite Yourcenar sa bibliothèque, (15e). Et Barbara son allée, Lucie Aubrac son collège, Germaine Tillon sa bibliothèque, etc. En 2010, une médiathèque a pris le nom de Marguerite Duras, même si l'on aurait préféré que l'auteur de l'Amant s'installe pour l'éternité rue Saint-Benoît.

« C'est sans compter les contingences des rues privées, celles qui portent le nom de leurs propriétaires et qu'il est quasiment impossible de débaptiser, ou la protestation des riverains qui n'apprécient guère de changer d'adresse du jour au lendemain », explique Philippe Lamy, conseiller au cabinet du maire de Paris en charge de la mémoire. De plus, certaines familles refusent parfois les lieux proposés. Ainsi le fils de Françoise Sagan a-t-il décliné une place dans le 14e arrondissement, qu'il jugeait « trop bruyante » et « trop grande ».

Montreuil à la pointe

A Paris, c'est une « commission de dénomination », le plus souvent présidée par l'adjoint au maire chargé de l'urbanisme - aujourd'hui Anne Hidalgo -, qui décide, in fine, de l'attribution des noms des espaces publics. Cette commission se composait naguère d'une vingtaine de membres, dont quelques personnalités de la vie culturelle, parmi lesquelles l'écrivain François Nourissier. Elle ne possède aujourd'hui qu'une fonction consultative. Le conseiller à la mémoire centralise les voeux du maire, des conseillers, des associations et des particuliers et propose des noms à la commission, qui se réunit une fois l'an.

Le 1er mars, elle s'est prononcée sur une dizaine de noms dont celui de quatre femmes, Silvia Montfort, Davia, Colette Magny et Marie-Hélène Lefaucheux. Trois artistes et une grande figure de la Résistance. La règle parisienne étant que l'on n'attribue le nom d'une voie qu'à une personnalité décédée depuis au moins cinq années. Quant aux « scores » de Marseille, Lyon et Nantes, ils oscillent entre 0,6 % et 1,3 %. Montreuil (Seine-Saint-Denis) se distingue en affichant fièrement 13 % de noms féminins. Et la mobilisation continue pour en obtenir davantage.

 
 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 10:11

Billet publié sur le blog Centrifuge :

 

Le sujet de ce “mème pas mal” d’aujourd’hui : la chanteuse Colette Magny.

 

Melocoton. Le titre qui surgit en premier quand on cite Colette Magny à un amateur éclairé de chanson française. La chanson qui lui apportera, dans les années 60 (la chanson sortira, pour être précis, en 1963), un succès aussi grand qu’éphémère.

 

Férue de littérature (elle adaptera en chanson Rimbaud, Artaud, Aragon ou Hugo), Colette Magny se rapproche beaucoup de Léo Ferré (Aragon, Verlaine ou Rimbaud pour sa part). Mais ce qui rend cette dame si originale, et donc à ce titre digne d’intérêt, c’est son talent à mêler cette tradition française de la chanson à texte avec la musique jazz et sa puissance d’improvisation.

 

Parmi les causes défendues par Colette Magny : le mouvement Black Panther dont elle reprendra l’hymne The Meeting (version d’Elaine Brown à écouter ici), sur l’album Chansons pour Titine (1983).

 

S’il est permis, et recommandé, d’apprécier son coffre et sa sensibilité dans le chant, il convient également de souligner son engagement. Une défense des opprimés (ouvriers, femmes, peuples colonisés, Afro-Américains) qui a servi de fil conducteur à sa carrière. Un parti pris qui la détournera du chemin du succès mais qui donne à son oeuvre une sincérité évidente. Que d’aucuns nommeront naïveté.

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 18:17

Paru sur le site "Le hall de la chanson" :

 

hall.jpgColette Magny
Auteure, compositrice, interprète
(1926-1997)


Colette Magny naît à Paris le 31 octobre 1926. Son père est épicier. Sa mère entame une carrière d’actrice sur le tard. Colette Magny se passionne pour le chant par le biais de sa mère qui est également chanteuse lyrique amateur. En 1948, elle entre à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) comme secrétaire bilingue et traductrice. Son intérêt pour la culture anglophone et pour le chant l’amène à écouter de grandes voix du blues, telles Bessie Smith, Ma Rainey et de jazz comme Ella Fitzgerald. Le musicien de jazz Claude Luter qu’elle fréquente lui apprend les rudiments de la guitare et du banjo. Colette Magny chante en s’accompagnant à la guitare tout d’abord pour ses amis, des reprises de blues, puis ses propres compositions. En 1962, à 36 ans, elle quitte son travail et décide de se consacrer à la chanson. Au printemps de la même année, elle se produit au cabaret la Contrescarpe. Elle chante également à la Vielle grille, au Port du salut, Chez Monique Morelli… Mireille la remarque à la Contrescarpe et l’invite dans son Petit Conservatoire. Le 8 décembre, Colette Magny y chante en direct à la télévision et le grand public découvre sa version de « Saint James Infirmary ».  En 1963, elle sort un premier 45 tours quatre titres avec deux reprises de Bessie Smith (« Basin Street Blues » et « Nobody knows you when you’re down and out ») et deux compositions personnelles (« Melocoton » et « Co-opération »). « Melocoton » devient un tube, le seul de sa carrière, et Colette Magny passe en lever de rideau en avril à l’Olympia, avec Pierre Vassiliu, du spectacle de Sylvie Vartan et Claude François. En 1964, elle publie Frappe ton cœur, 33 tours 25 cm, comprenant huit chansons originales en français (« Frappe ton cœur », « Choisis ton opium », « 4 C »…), enregistrées avec le guitariste de blues noir américain Mickey Baker. Colette Magny y utilise la technique de collage de textes, en mélangeant des citations de différents auteurs avec ses propres mots (« Frappe ton cœur » et « Choisi ton opium »). Elle aborde les thèmes du racisme au quotidien (« Le beurre et la frite »), de l’indifférence sociale («  Le mal de vivre »), du danger nucléaire (« 4 C »)… Son premier album 33 tours communément appelé Les Tuileries paraît en 1965. Il comprend quatre blues en anglais dont « Rock me more and more » et « Any Woman’s blues », trois compositions personnelles (« Melocoton », « Co-opération » et « La terre acquise »). Le reste est consacré à la mise en musique de poèmes. Colette Magny chante les vers de Victor Hugo (« Les Tuileries », « Chanson en canot »), d’Arthur Rimbaud (« Chanson de la plus haute tour »), de Rainer Maria Rilke (« Heure grave »), d’Antonio Machado (poète espagnol, « J’ai suivi beaucoup de chemins »), d’Antonio Jacinto (poète angolais, « Monangamba »). Avec André Almuro, compositeur, membre du Groupe de recherches musicales (GRM) de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), elle aborde la musique électroacoustique contemporaine. En 1966, sort Avec, long poème récité et chanté par Colette Magny (composé de ses propres textes, de poèmes de Guy Lévis Mano et de Rilke, de citations tirées de la presse du moment sur le thème du surarmement…), sur une structure musicale d’Almuro. L’année suivante avec l’album Vietnam 67, Colette Magny se pose véritablement en chroniqueuse militante de son époque : guerre du Vietnam (« Vietnam 67 »), soutien à Cuba (« Viva Cuba »), aux grévistes des chantiers navals de Saint-Nazaire (« A Saint-Nazaire »), dénonciation des maladies causées par la bombe atomique (« Bura-Bura » sur les rescapés d’Hiroshima) alors que la France vient de procéder à des essais nucléaires aériens en Polynésie… Elle met également en musique deux poètes du XVIe siècle : Oliver de Magny (« Aurons-nous point la paix ? » qui condamne la guerre) et Louise Labbé (« Baise m’encor ‘ ») ainsi que Vladimir Maïakovski (« Désembourbez l’avenir ») et une nouvelle fois Victor Hugo (« La blanche aminte »).

Colette Magny continue de mélanger textes chantés, parlés, cris, phrasés libres et collages sonores sur Magny 68/69 paru en 1969. Cet album est un véritable témoignage sur les évènements de Mai 68 en France, la révolte étudiante et ouvrière. « Nous sommes le pouvoir » utilise des documents sonores de William Klein et Chris Marker pris sur le vif au Quartier Latin. Colette Magny y avoue « se planquer » dans les usines et chanter pour les travailleurs alors que les étudiants se battent dans les rues. Un peu plus loin, une étudiante rassure une mère par téléphone qui n’a pas de nouvelles de son fils… « La fin de tout » propose un collage de textes de Max Jacob sur une musique expérimentale. « Le Boa » commence par la première prise de parole d’une jeune délégué CGT et décrit à la première personne l’existence d’une ouvrière qui travaille à la chaîne en usine. « La pieuvre » dénonce les conditions de travail des ouvriers de la pétrochimie française. « Ensemble » aborde le thème de la grève en usine… Colette Magny évoque en fin de disque les révoltes anti-impérialistes avec « L’écolier soldat », « Dur est le blé » (texte de Louis Soler sur la guerre d’Algérie) et « Lorsque s’allument les brasiers » (comprenant des citations d’ Ernesto Guevara). Avec Feu et Rythme en 1970, Colette Magny se libère des structures traditionnelles de la chanson (couplets/refrains, versification, mélodie) et introduit le free jazz dans sa musique. Elle y est entourée de deux contrebassistes, Beb Guérin et Barre Phillips et d’une choriste, Dane Belany. Elle rend hommage à la race noire et à sa culture avec ses propres mots (« K3 blues », « U.S.A. Doudou ») ou en empruntant ceux de Agostinho Neto, poète et homme politique angolais (« Feu et rythme ») et de LeRoi Jones, poète et militant noir américain (« Brave nègre »). Elle met en musique Pablo Neruda (« Soupe de poissons », « L’église de Taban »), Lewis Carroll (« Jabberwocky ») et Max Jacob (« Malachites »).

Colette Magny persévère dans la voie du free jazz avec Répression en 1972. La première face est enregistrée en continue en compagnie des meilleurs musiciens de free jazz présents à Paris à l’époque : Beb Guérin (contrebasse), François Tusques (piano), Bernard Vitet (trompette), Juan Valoaz (saxophone alto) et Noël McGhee (batterie). Colette Magny y reprend des slogans et textes des Black Panthers (Oink Oink : « Babylone », « Cherokee », « Djoutche », « Libérez les prisonniers politiques »). La deuxième face est enregistrée avec les deux contrebassistes du disque précédent. Magny y dénonce les formes de répression (« Répression »), témoigne de la vie des mineurs (« Chronique du Nord »), soutient le peuple basque (Camarade-curé » avec des chœurs en langue basque)… A cette époque, Colette Magny est censurée à la radio, ne passe pas dans les médias. Elle se produit en concert dans les maisons de la culture, lors de manifestations politiques, de galas de soutien…

En juin 1974, elle donne un concert dans un village du Haut Var en compagnie de Maxime Le Forestier, de Léo Ferré, Mouloudji, Imanol et de Joan-Pau Verdier. Une partie des bénéfices permet l’enregistrement du disque Chili, un peuple crève, paru en 1975. On y retrouve Maxime Le Forestier, sa compagne Mara et Colette Magny qui y interprète trois chansons des chiliens Violeta Parra et Victor Jara (ce dernier ayant été assassiné en septembre 1973 par les militaires après le coup d’état). En 1975 paraît Transit (« La panade », « Les cages à tigre », « la bataille », « Le pachyderme », « Ras la trompe »…) Colette Magny enregistre avec le Free Jazz Workshop de Lyon dont fait partie à l’époque le jeune Louis Sclavis (clarinette basse, saxophone soprano). Au printemps 1976, Colette Magny monte le spectacle Visage-Village à la Cartoucherie de Vincennes, autour de peintures et sculptures de Monique Abecassis et de musiques de Lino Léonardi. Ce spectacle évoque la vie d’une femme dans un environnement rural. L’album Visage-Village paraît en 1977.
Elle travaille par la suite dans les Vosges avec un groupe d’enfants handicapés d’un institut médico-pédagogique. Elle enregistre leurs voix, leurs improvisations à l’aide de différents instruments dont certains fabriqués par eux-mêmes. Ce disque collectif, Je veux chaanter est publié en 1979.

Colette Magny monte un spectacle sur la conflit israélo-palestinien au Théâtre de la Ville (« Un juif à la mer un palestinien au napalm »), rend hommage à Antonin Artaud avec un album comprenant un montage de ses textes (Thanakan, 1980).
En 1983, elle revient à des formes plus traditionnelles, au blues et au jazz de ses débuts avec l’album Chansons pour Titine enregistré avec des musiciens de jazz : Patrice Caratini et Henri Texier (contrebasse), Claude Barthélémy (guitare), Maurice Vander (piano), Jean-Pierre Chaty et Richard Foy (saxophones)… Elle y reprend des standards (« Strange Fruit » interprété à l’origine par Billie Holiday, «You Go To My Head », « My Heart Belongs To Daddy » de Cole Porter, « The House Of The Rising Sun » chanson folk traditionnelle américaine, « All Of Me », «Young Woman's Blues de Bessie Smith …), y chante l’hymne des Black Panthers (« The Meeting »), une nouvelle version de « Melocoton » et « Prison » (poème de Paul Verlaine sur une mélodie de Gabriel Fauré). Elle se produit au Festival d’Avignon et au Théâtre de la Ville.

Sans maison de disques elle lance une souscription par le biais du journal Télérama pour pouvoir sortir en 1989, Kévork (« Quand j’étais gamine », « Exil », « Sphinx de nuit », « Caqueta »…) Evocation de la pintade, symbole pour Colette Magny d’une intransigeante liberté, ce disque bénéficie de la direction musicale de Michel Precastelli (également compositeur de certains titres), d’Hélène Labarrière à la contrebasse, d’Aldo Romano à la batterie, de César Stroscio au bandonéon…
En 1991, elle publie un album d’inédits avec « Rap toi d’là que je m’y mette », « La terre acquise », mais aussi une reprise de « Love me tender » d’Elvis Presley.
Elle a inspiré des chanteuses comme Catherine Ribeiro ou Mama Béa Tekielski.
Colette Magny est décédée le 12 juin 1997 à Villefranche-de-Rouergue dans l’Aveyron. Elle disait : « … Dans la famille coup de poing, Ferré c’est le père, Ribeiro la fille, Lavilliers le fils. Et moi la mère ! ».

© Le Hall de la Chanson

 

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A l'occasion des 40 ans du Mouvement de Libération des femmes, le Hall de la Chanson (Centre National du Patrimoine de la Chanson, des Variétés et des Musiques Actuelles) publie sur son site du 8 mars et jusqu’à fin décembre 2010, des pages (biographies, des interviews (audio et vidéo) inédites, des photos, des extraits de chansons à entendre…) sur le thème Femmes en Chansons :
http://www.lehall.com/actus/femmes_en_chansons.htm

 

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