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21 août 2023 1 21 /08 /août /2023 08:22

La mémoire de la chanson engagée est conservée dans les fonds de l'INA.

Un guide des sources a été réalisé par Benjamin Soulabaille, étudiant en Master 2 Science politique, parcours “Culture et politique : arts, mots et images”, Université Paris 8 Vincennes Saint Denis.

L'auteur relève notamment :

"Les femmes ne manquent pas dans l'histoire de la chanson qui est, dès ses débuts, une profession très féminisée. Toutefois, longtemps la chanson politique reste le pré carré des hommes. Mais après la Seconde Guerre mondiale, les cabarets de la rive gauche deviennent un véritable viviers de femmes interprètes qui chantent Léo Ferré, Louis Aragon, Pierre Mac-Orlan, Brecht et Aristide Bruant dans le sillage de leur aînée Germaine Montero. L'une d'entre elles, Anne Sylvestre, devient la première auteure-compositrice-interprète femme en France et aborde dans certaines de ses chansons les questions du viol, de l'avortement et de l'homosexualité. Dans son sillage, Catherine Ribeiro, Colette Magny, Brigitte Fontaine et un peu plus tard Mama Béa, elles aussi auteures-compositrices- interprètes, proposeront une chanson politique tout en marquant leur rupture avec le style rive gauche, très peu innovant sur le plan musical, tant ses représentants estimaient que la qualité d'une chanson dépendait essentiellement du texte. Avec ces chanteuses davantage influencées par le rock et le jazz dans le cas de Colette Magny, la chanson politique va trouver d'autres voies."

 

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12 novembre 2022 6 12 /11 /novembre /2022 12:34

David Mennessier propose vendredi 25 novembre 2022,  de 18h30 à 20h, à l'Espace Delvaux de la Bibliothèque de Xatermael-Boitsfort, de se plonger durant une heure une immersion dans l’univers musical de Colette Magny à travers un salon d’écoute qui se focalisera sur ses albums influencés musicalement par le free jazz et dont les textes évoluèrent vers un engagement politique proche des Black Panthers et plus largement de la lutte du mouvement des droits civiques aux États-Unis.

Peu connue ou mal connue de beaucoup, vénérée par d’autres, Colette Magny est une auteure-compositrice-interprète qui a secoué la “Chanson française".

Une initiation au free qu’elle doit à des musiciens français issus de cette scène comme le pianiste François Tusques, le trompettiste Bernard Vitet et le bassiste Bernard « Beb » Guérin. C’est en lui faisant écouter entre autres les artistes américains Albert Ayler, Don Cherry, Alan Silva, Frank Wright et Sunny Murray que Colette Magny transformera ses chansons débitées habituellement en trois minutes en de longues incantations progressivement gagnées par un esprit de révolte proche de celui défendu par les militants afro-américains Bobby Seale, Eldridge Cleaver et Huey Newton. Un tournant dans la carrière de la chanteuse qui influencera de manière radicale la structure de ses chansons et ce jusqu’à la fin de sa carrière.

Pour en savoir plus : cliquez ici

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 10:52

Parution du livre de Takayuki Nakamura "Colette Magny, la forme d'une âme" :

L'auteur : Takayuki Nakamura

Professeur agrégé de la Faculté de droit de l'Université Waseda à Tokyo, Japon

 

Présentation de l'ouvrage :

Un quart de siècle environ après sa mort, Colette Magny, la plus grande chanteuse de l'histoire de la musique française, qui compte toujours des fans enthousiastes, est le premier livre de recherche au monde en guise d'ouvrage d'introduction.

en s'appuyant sur les paroles des chansons, des interviews, des écrits, etc..., le livre présente qui est Colette Magny en éclairant comment elle est devenue cette chanteuse.

La voix de Colette Magny, qui s'écarte considérablement des normes habituelles, est successivement la voix des travailleurs des mines, des immigrés, des personnes du tiers-monde, des esclaves noirs, des femmes, des minorités sexuelles, des enfants ayant une déficience intellectuelle. Abordant la domestication, elle devient la voix d'une communauté formée d'animaux et d'innombrables oiseaux de mer, et cela devient une forme d'art rare dans laquelle un ensemble d'êtres périphériques est directement connecté à la liberté musicale et à une musique minoritaire émouvante.

"Oum Kalthoum? Billie Holiday? Hibari Misora? Maria Callas?... Oui, elles ont peut-être été formidables, mais elles sont restées des chanteuses cantonnées dans leur propre style d'expression. Mais Colette Magny est définitivement différente. C'est déjà dans une toute autre dimension dans l'acte de jouer de la musique, avant l'expression de la chanson.

Pour acheter l'ouvrage : cliquez ici

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 17:59

Jean-René Larue, doctorant en musicologie et chargé de cours à l'Université de Reims Champagne-Ardenne, analyse les musiques actuelles. Au cours d'un cycle de conférences d'octobre 2019 à mai 2020, il explore les évolutions du monde musical contemporain et analyse les liens entre musique et politique.

La conférence du lundi 6 avril 2020 de 18h à 20h, à la Bibliothèque Robert de Sorbon à Reims (avenue François Mauriac) sera consacrée à un portrait de Colette Magny

Plus d'information : cliquez ici

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2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 09:26

A l'occasion de la 2e biennale internationale d'études sur la chanson, le 4 avril à Lyon, Jean-René Larue, doctorant en musicologie à l'Université de Reims Champagne-Ardenne et à l'Université Paris III-Sorbonne Nouvelle a abordé la carrière et l’œuvre de Colette Magny autour du thème "Du malentendu dans la chanson".

Ci-après quelques éléments de cette intervention :

Cinquante ans après Mai 68, à l’heure des rétrospectives et des interrogations sur l’héritage de ces évènements, une figure  majeure de la chanson engagée des années 1960 reste dans l’ombre : Colette  Magny. Celle qui fut secrétaire bilingue durant dix-sept ans à l’OCDE avant d’entamer une carrière reconnue dans le monde de la chanson et du jazz, au point de participer à la Fête de l’Humanité, se retrouve finalement rayée des mémoires. Pourquoi celle que la presse a considérée comme le pendant féminin de Léo Ferré ne connaît-elle pas la même notoriété posthume ? « Dans la famille coup de poing, Ferré c’est le père, Ribeiro la fille, Lavilliers le fils. Et moi la mère ! » se plaisait-elle à dire. Force est de constater pourtant que parmi ces quatre chanteurs, les femmes ont été oubliées. Alors, malentendu ou mésentente du public ?

Dans son intervention, Jean-René Larue est revenu sur cette chanteuse dont l’engagement politique occulta les talents vocaux, notamment via l’analyse du titre « Prends moi, me prends pas » où le travail sur la voix s’inscrit dans les travaux créatifs proposés dans le  cadre du colloque : « tours de force prosodiques et littéraires qui sont  des tours de force interprétatifs » ainsi que « Jeux de sens (homonymies qui créent des équivoques, double-sens, chute surprenante et compréhension rétrospective), jeux énonciatifs (instabilités discursives, discours rapportés, destinataire incertain). » Par une analyse détaillée mêlant analyse littéraire, spectrale et l’emploi d’une matrice de similarité, Jean-René Larue a mis en évidence les talents compositionnels et vocaux d’une chanteuse dont le principal tort fut d’avoir « exposé » les injustices de son temps.

Jean-René Larue s'interroge au sujet de Colette Magny : y a-t-il eu un malentendu ou une mésentente du public ? Selon lui, "Colette Magny a toujours essayé d’être lisible dans ses choix et dans son engagement. Il n’y a donc pas tant un malentendu dans le sens où le public n’aurait pas compris le message de Colette Magny, mais davantage une mésentente de la part d’un public qui n’a eu que trop rarement l’occasion de l’entendre".

 

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 15:08

Dans son livre "L'événement 68 - Retour aux sources" (Ed. Flammarion, 2018), Emmanuelle Loyer consacre un chapitre intitulé "L'opposition à la guerre du Vietnam, 1966-1968", dans lequel elle écrit :

Étrangement, l'opposition à une guerre lointaine menée par les États-Unis (mais commencée par la France) va catalyser l'énergie et l'invention militantes et servir de vecteur de politisation pour une révolte locale. La lutte, qui aux États-Unis commence dès 1964, s'internationalise. C'est en 1966 que se forment en France les premiers comités contre la guerre et pour le soutien du Vietnam nord, fondés par le Parti communiste ou en dehors de lui, notamment par les groupes gauchistes en voie de constitution (comités Vietnam de base créés par les maoïstes) qui se font, sur ce terrain comme ailleurs, une concurrence acharnée.
À l'initiative de Madeleine Rebérioux, membre du PC, mais pas en odeur de sainteté place du Colonel-Fabien, est organisée la manifestation « Six heures pour le Vietnam », prévue le 26 mai 1966 à la Mutualité, de 18 heures à minuit.

La guerre faite au peuple vietnamien ne cesse de s'aggraver. L'occupation américaine au Sud-Vietnam fait de plus en plus appel à des moyens inhumains (tortures, massacres de prisonniers et de civils, anéantissements de villages, napalm) pour se maintenir malgré l'opposition populaire. Au nord, la reprise et l'intensification des bombardements, l'escalade conçue par le Pentagone, risquent de conduire l'humanité vers une guerre généralisée. Nous ne pouvons rester silencieux, nous sommes tous concernés par la lutte que mène un peuple pour choisir lui-même son destin. Nous souhaitons l'union de toutes les forces qui, en France et dans le monde, notamment aux États-Unis, luttent contre la guerre au Vietnam et soutiennent le combat que mène le peuple sud-vietnamien pour son indépendance sous la direction du Front national de libération.

Au-delà de l'argumentaire antiguerre, la forme est originale et cherche à renouveler les modes d'action traditionnels des intellectuels : colloques, projection de films, exposition de tableaux. « Comme dans les teach-in américains, ces six heures ont une signification symbolique : elles veulent exprimer notre sens aigu de la durée du conflit et de la continuité de l'action que nous voulons mener° », explique l'organisatrice, qui est ici pleinement historienne. Films, peintures mais aussi chansons — la renommée de Joan Baez a exporté le mouvement en Europe —avec Colette Magny, la chanteuse blues engagée qui acquiert la notoriété dans la variété française grâce à son répertoire rebelle et son allure d'insoumise. 
 

Le 26 octobre 1966, un appel à la création d'un Comité Vietnam national est diffusé. L'objectif est d'unir tous les groupes déjà existants afin de conjuguer les forces ; signé par cinq autorités morales du monde savant et intellectuel, dont Jean-Paul Sartre, l'historien Pierre Vidal-Naquet et le mathématicien Laurent Schwartz, membres du comité Audin, ce texte nous rappelle comment la lutte contre la guerre du Vietnam a réactivé des solidarités datant du combat contre la guerre d'Algérie. Par ailleurs, la multiplication des comités de soutien préfigure celle des comités d'action en mai-juin 1968. 
 

Depuis 1967, le mois de février est consacré à la lutte anti-impérialiste par les étudiants gauchistes, mais aussi par les syndicats enseignants. À Berlin, les étudiants du SDS (Sozialistischer Deutscher Studentenbund, Union socialiste allemande des étudiants) organisent une manifestation internationale contre la guerre les 17 et 18 février 1968. Des « journées anticolonialistes » sont prévues par l'UNEF et le SNESup auxquels se joint le Collectif intersyndical universitaire d'action pour la paix au Vietnam au moment où l'offensive du Têt donne une actualité dramatique à la mobilisation.

Le peuple vietnamien redouble d'héroïsme dans la lutte pour son indépendance ; l'armée américaine bombarde les villes, massacre les populations et menace d'employer des armes atomiques. Les journées anticolonialistes seront donc cette année une importante occasion de nous mobiliser pour soutenir la juste cause du peuple vietnamien. Le Syndicat national de l'enseignement supérieur et l'UNEF organisent ces journées, qui se dérouleront du 19 au 21 février 1968. Les syndicats du collectif appellent tous leurs adhérents à prendre une part active aux meetings prévus dans ce cadre, notamment à Paris, le 20 février. Le Collectif intersyndical universitaire : Syndicat national des chercheurs scientifiques (FEN), Syndicat des personnels techniques et administratifs du CNRS (CGT), Syndicat national des bibliothèques (FEN), Syndicat national de l'enseignement supérieur (FEN), Syndicat national du personnel de l'INRA (CGT), Union nationale des étudiants de France (UNEF). P.S. Le Syndicat national des chercheurs scientifiques (FEN) demande également à ses membres de se mettre comme collecteurs à la disposition du SNESup pour la collecte qui se fera dans les établissements universitaires, auprès des enseignants et des étudiants.

Par ailleurs, le 21 février, le Comité Vietnam national ainsi que l'UNEF et le SNESup appellent à une manifestation au quartier Latin, tandis qu'au même moment les comités Vietnam de base ont donné rendez-vous à leurs militants devant l'ambassade américaine. Ce même jour, le boulevard Saint-Michel est rebaptisé par les étudiants « boulevard du Vietnam héroïque ». 
 

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24 juin 2017 6 24 /06 /juin /2017 06:32

Le site Généastar vient d'intégrer l'arbre généalogique de Colette Magny qui remonte jusqu'en 1601, sur les origines paternelles, majoritairement dans l'Yonne (Aillant-sur-Tholon, Bellechaume, Bligny-sur-Othe,Brienon-sur-Armançon, Chailley, Champlost, Epineau-les-Voves, Joigny, Mercy, Saint-Florentin, Senan, Vaudupuits) et sur les origines maternelles, dans la Vienne (Montmorillon), la Haute-Marne (Cirfontaines-en-Ornois, Echenay, Germay, Lezéville) et la Meuse (Bure, Chassey-Beaupré, Gondrecourt-le-Château, Mandres-en-Barrois, Tourailles-sous-Bois).

On retrouve ainsi la trace du grand-père maternel Charles Louis Alcide Collas, que Colette Magny évoque dans sa chanson "Quand j'étais gamine" en précisant qu'elle est "une petite-fille de capitaine de gendarmerie". Plus précisément, capitaine de la 9e légion de Gendarmerie à Lux (Côte-d'Or). Gendarme dans la Meuse, la Saône-et-Loire, la Côte-d'Or, l'Indre, la Vienne, la Marne, Charles Louis Alcide Collas reçoit en 1900 la médaille de Chevalier de la légion d'honneur.

 

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24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 07:48

La sortie du documentaire de Jean-Jacques Uhl intitulé  "La chanson politique de Colette Magny" est annoncée pour février 2017. 
Si vous souhaitez programmer ce film de 32 minutes, cliquez ici

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 09:54

Dans son livre "Respect: Le rock au féminin", Steven Jezo-Vannier, consacre plusieurs lignes à Colette Magny :

En marge des chanteuses pop et des provocatrices sexy, des auteures et compositrices s'épanouissent dans les années soixante à l'ombre de Barbara et Juliette Gréco. Conservant l'âme littéraire, elles s'engagent politiquement, adhérant à l'idéalisme d'extrême gauche. La tendance est incarnée par Colette Magny, personnage haut en couleur, sorte de pendant français d'Odetta au style unique, à la croisée des chemins blues et folk venus d'Amérique et de la chanson réaliste ancrée dans la tradition française. Haute stature, haut parlé, Colette Magny est une chanteuse à la voix grave et profonde, une guitariste atypique et surtout une auteure et compositrice inspirée. Ayant travaillé dans une usine de lunettes américaines, puis comme secrétaire bilingue à l'OCDE, cette Parisienne née en octobre 1926, est tournée vers la langue et la culture anglo-saxonne. Elle aime et chante le blues, privilégiant d'emblée l'authenticité du classic female blues de Bessie Smith, dont elle reprend quelques titres. Sans imitation, Colette Magny a la voix et l'intensité des chanteuses de blues afro-américaines. Elle se lie d'amitié avec Claude Luter, un proche de Sydney Bechet, qui l'encourage dans cette voie. Le blues, qui chante la misère humaine, l'accompagne dans son ouverture politique à la gauche contestataire, ce que conforte le durcissement de la guerre d'Algérie en 1956. Dans le même temps, elle découvre la poésie, de Louis Aragon et Arthur Rimbaud notamment, qu'elle décide de mettre en musique - une méthode avec laquelle s'illustrera également Hélène Martin au début des années soixante. Magny crée ainsi un style de musique hybride, utilisant des collages comme pour « Co-opération » qui associent Sartre, Suarez, Carlyle et Alain. En 1962, elle décide de se lancer pleinement dans la chanson, soutenue par ses amis. Elle a trente-six ans, joue dans les petites salles comme La Contrescarpe et intègre le Petit Conservatoire de Mireille en même temps que Françoise Hardy. Elle y est révélée en 1963 avec « Melocoton », qui, édité en single dans la foulée chez CBS, constitue son plus grand succès commercial. Au mois d'avril 1963, elle participe aux spectacles « Les idoles des jeunes » à l'Olympia et subjugue la jeunesse venue entendre Sylvie Vartan et Claude François... Sur son premier album, Melocoton, de 1965, elle chante donc Aragon, Victor Hugo, Antonio Machado et reprend des chansons américaines en anglais : « Didn't My Lord Deliver Daniel » et « Any Woman's Blues » de Bessie Smith, où se révèle son sens inné du blues. Elle fréquente François Tusques, le pousse à enregistrer Free Jazz, puis lui demande de l'accompagner sur Avec, édité sur le label Mouloudji en 1966. Elle poursuit son exploration musicale vers le jazz et le minimalisme, et se rapproche dans le même temps du phrasé de Léo Ferré, comme le montre par exemple le titre « Vietnam 67 ». Cette chanson illustre par ailleurs la radicalisation de la conscience politique de Colette Magny qui s'ouvre à la cause du Tiers monde et s'oppose farouchement à la guerre du Vietnam, un combat qui la rapproche de l'engagement des artistes américains contemporains. Elle soutient les événements de Mai 68 et leur dédie « Nous sommes le pouvoir », « L'écolier soldat » et « Lorsque s'allument les brasiers » (à partir d'un texte de Che Guevara), rassemblés sur le disque Magny 68-69. Pour son album suivant, paru en 1970, Colette Magny chante Pablo Neruda dans « Soupe de poisson » et Le Roi Jones sur « Brave nègre ». Embrassant la cause du Black power, elle écrit également « K3 Blues ». Bisexuelle affichée, Colette Magny défend aussi la cause des femmes et des homosexuelles, davantage par ses prises de position publiques que par ses propres chansons. Ainsi, en juin 1979 dans la revue Désormais, elle déclare : « Je pense que les femmes, même dans les mouvements virulents, disons, ont obtenu certains avantages : l'avortement, la contraception... [...] Les féministes ont permis par leur extravagance parfois, par leur courage souvent, toutes les transformations qui se sont opérées. Il me semble que cela parviendra jusqu'aux dames ouvrières. Elles en entendent parler même si on le fait de façon très retenue, très contrôlée à la télévision, à la radio. Alors c'est bien ! Je trouve toujours que c'est bien, d'ailleurs, que les gens se révoltent et manifestent ! » Colette Magny chante ses engagements et ce qui la révolte, mais n'appelle jamais ouvertement à la révolution. Elle lui préfère la poésie et le récit. Après Répression (1972) et Transit (1974, elle lit Antonin Artaud en 1981 sur Thanakan, notamment les déchirantes "Nouvelles révélations de l'être". Elle publiera encore trois albums avant de disparaître, en juin 1997

 

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 12:16

drott.jpgLu dans "Music and the elusive revolution - Cultural Politics and Political Culture in France, 1968-1981" d'Eric Drott, publié à l'Université de Californie (2011) :

 

Extrait (p87) :

Les fusions entre la chanson avec le jazz d'avant-garde se retrouvent dans la collaboration de Brigitte Fontaine avec l'Art Ensemble of Chicago dans son album de 1970 "Comme à la radio", ou dans le travail de Colette Magny avec François Tusques et d'autres musciens de free jazz français sur l'album de 1972 "Répression".

 

Extrait (page 92) :

Alors que le yéyé et les variétés tendaient tous deux vers le divertissement en n'abordant que très rarement les questions politiques, la chanson, depuis les chansonniers du 19e siècle, a une longue tradition de chronique et d'analyse de l'actualité. En tant que tel, il n'est pas étonnant de trouver beaucoup de grandes figures de la chanson française d'après-guerre qui abordent, soit directement ou indirectement, les événements de mai 68. C'est le cas de Jean Ferrat ("Au printemps de quoi rêvais-tu?" et "Pauvres petits cons"), Claude Nougaro ("Paris mai"), Georges Moustaki ("Le temps de vivre"), et Colette Magny ("Nous sommes le pouvoir").

 

Extrait (page 150) :

L'année suivant la publication de "Intercommunal Music", François Tusques (avec Vitet, Guérin, Juan Valoaz, et Noël McGhie) a collaboré sur un album de Colette Magny intitulé "Répression" (1972). Alors que la deuxième face reprend deux chansons chantées par Magny, avec une composition du bassiste Barre Philipps, la première face de l'album reprend une "suite" jazz de dix neuf minutes intitulé "Oink Oink". Réminiscence de précédents albums comme "Freedom Now Suite" de Max Roach, "Oink Oink" se compose d'une série de courtes pièces écrites par Tusques sur lesquels Magny récite des fragments de discours et  d'écrits de différents responsables du Black Panther Party. Particulièrement notable est que la musique qui constitue le premier des quatre mouvements de la suite, "Babylone USA", recycle l'essentiel du "Portrait d'Erika Huggins" [composé précédemment par Tusques]. [...] La sensation de perte, de chaos du «Portrait» a disparu. Il n'y a aucune improvisation, aucun blanc émanant de la section rythmique, aucune originalité de studio, et rien comme l'effondrement qui a incité les prises répétées entendues dans «Portrait». Le refrain peut être le même, mais il est dépouillé des qualités transgressives du free jazz. Absentes aussi sont les implications programmatiques de "Intercommunal Music". L'utilisation d'un refrain influencé par le R&B dans "Oink Oink" est approprié étant donné le sujet du récitatif de Magny, cela ne sert pas le même type de fonction illustrative comme c'était le cas pour "Intercommunal Music".

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