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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 11:02

Billet publié sur le blog "Chanson rebelle" et intitulé "Une demande d'aide de Pierre Pouveze pour continuer son film sur Colette Magny" : 

 
Pour aller "Sur les pas de Colette Magny", il n’est pas nécessaire de l’avoir rencontrée, mais ça peut être pour la rencontrer même si ce ne sera pas forcément physiquement – pour maintenant qu’elle est décédée, quoique par sa voix enregistrée.

Mais alors pourquoi la rencontrer ?

Pour moi la première fois, en 1963, à l’écoute «en aveugle» du disque 45 Tours 4 Titres Melocoton/Basin street blue, j’eus cette réaction : «Oh fan ! la chanteuse noire américaine !» avant de découvrir son teint blanc et laiteux et son visage poupon sur la pochette du disque.

Puis, en 1975, rencontre «de visu», en concert, sur la scène du Théâtre Toursky à Marseille : elle était seule sur scène, assise, sa guitare perdue entre ses bras, enrhumée, nous dit-elle. Ce fut le coup de foudre avec sa chanson Camarade-curé, et les voix du  Chœur des Prêtres Basques Gogor arrivant du fond de la scène, en bande-son, accompagnant son refrain : «Non je ne veux d'une civilisation comme celle-là !» dans un engagement que d’aucun dise paradoxal.

Ainsi, sans le savoir, j’étais sur ses pas.

Je pourrais continuer par 1983 et Colette offrant à mon ami Maurice son disque noir Jazzy/Titine, pour lui avoir prêté une guitare pour un concert improvisé dans le petit amphithéâtre du centre Léo Lagrange Ste Elisabeth à Marseille. Concert improvisé car elle était venu à Marseille non pour chanter mais pour participer à une Commission Handicap et Culture à l’hôpital de La Timone, je crois. Dans ce disque on redécouvre sa manière de chanter le standard de Billie Holliday, Strange fruit, et son engagement du côté des noirs américains avec l’hymne des Blacks Panthers The meeting, à un moment, après 1981 et le changement politique à un moment où elle pensait revenir simplement à la belle chanson…

En 1989, Télérama nous apprendra qu’elle lance un souscription pour son disque KEVORK, et avec mes amis de Chansons de l'événement nous lui passons commande et commençons une correspondance qui ne s’achèvera qu’avec son décès.

En 1996, le 22 Novembre, nous organiserons un concert Sur les pas de Colette Magny, au théâtre du Merlan, scène nationale, avec 3 heures et demi de chanson et de musique et une communication téléphonique avec Colette qui ne pouvait être des nôtres, déjà alitée…

Aussi, réalisant un film sur Colette Magny et son œuvre, je vous propose que nous allions Sur les pas de Colette Magny, en retrouvant tous les lieux où elle a pu chanter avec tous les éléments qu’on pourrait retrouver : dates, lieux, salles,  organisateurs, affiches, articles de presse, émission radio, télé, et/ou vos propres témoignages…

 

Vous pouvez contacter Pierre à cette adresse : prouveze.pierre@neuf.fr ou en lui téléphonant au 06.03.82.92.11. Merci l'ami Pierre pour cet énorme travail de fourmi afin de réaliser un film sur Colette, hélas trop tombée dans l'oubli.

 

Gérard Gorsse, Juin 2012

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 12:49

Témoignage paru dans L'Humanité du 27/03/2012 de Jeanne Puchol, auteur de bandes dessinées :

 

On inaugure ce mardi 27 mars une place Louis-Aragon 
à la pointe ouest de l’île Saint-Louis. Comment, aucune rue de la capitale ne portait encore le nom du poète ? Ah si, il y a une allée Aragon dans le jardin des Halles. Il faut croire que la restructuration de celui-ci 
ne conservera pas les promenades dédiées aux poètes. Voici donc Aragon recasé 
à deux pas de l’immeuble qu’habitait 
le héros de son roman Aurélien.
 
Romancier, journaliste, essayiste, Aragon fut tout cela ; pour moi, il reste avant tout un poète. Inoubliable Conscrit des cent villages, insurpassable Il n’y a pas d’amour heureux. 
La bonne poésie se reconnaît 
à ce qu’on la met facilement en musique. C’est le cas de celle d’Aragon, chantée par Ferrat et Ferré, par Brassens 
et tant d’autres, au premier rang desquels l’immense Colette Magny. Réécoutez sa voix unique sur Richard II quarante : « Ma patrie est comme une barque / Qu’abandonnèrent ses haleurs »
 
Que ces vers résonnent étrangement ! Ah oui, la barque France, qui prend bien l’eau ces derniers temps, attend d’autres haleurs. Avec quelle impatience… Rêvons, non d’un grand timonier, comme ricaneront les esprits chagrins, mais d’un bel équipage 
qui tiendrait collectivement la barre… Rêvons d’une VIe République ! 
Rêvons, mais d’abord résistons, 
ce que clament les Indignés de toute 
la planète.
 
Résistant s’il en fut, chantre 
de la résistance, Aragon prétendait qu’il chantait « pour passer le temps ». Aimable modestie. Aragon a donné 
son nom à d’innombrables rues, 
aux bâtiments les plus variés, 
il a maintenant une place à Paris. 
Il est question qu’une voie soit dédiée 
à Colette Magny. On lui doit bien ça. 
Je la laisse conclure, désabusée 
et clairvoyante : « Qu’est-ce qu’il 
ne faut pas faire pour se faire comprendre / 
Fallait que je vous dise tout ça / Maintenant laissez-moi travailler. »

 

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 11:35

Témoignage lu sur le blog Unbehagen :

 

"Visage-Village" : un de mes albums préférés de Colette qui poursuit son travail sur l'impro.
Des textes magnifiques, poétiques, qui en disent long sur elle si l'on sait écouter.

La réédition Scalen était couplée avec son interprétation d'extraits de textes d'Antonin Artaud.
C'est en 1982 pour la sortie de "Bluesy Bluesy Chansons pour Titine", qu'elle dira ces textes sur scène, accompagnée par Anne-Marie Fijal.
Je l'ai souvent vue sur scène à cette époque, dans la région bordelaise et à Avignon au Palais des Papes, grand moment lorsque mon amie sursautait tel un pois du Mexique à chaque mot.
Nous redoutions tellement qu'elle nous déniche, les paupières pailletées et dans un état de conscience éthérée. Nous nous enfoncions dans nos fauteuils et je ressens encore cette émotion particulière, ce moment de grâce, renouvelé par le talent immense de Sami Frey dans le film de Mordillat "En compagnie d'Antonin Artaud" en 1994.
Colette, tant d'amour !
Un parcours difficile pour celle qui quitta les bureaux d'une administration sclérosante pour se retrouver exposée, exposante...
Une chanteuse exceptionnelle que l'on tenta sournoisement de réduire à une chanteuse de blues, le lien était bien facile : une voix profonde + une grosse dame = chanteuse de blues.
Ils n'avaient pas tout à fait tort les bureaucrates de l'industrie musicale, mais ils se sont fourvoyés, empêtrés qu'ils étaient dans leur cliché.
Oui, Colette est une chanteuse de blues, mais de quoi parle-t-on ?
De la forme ? Oui, Colette sait magistralement interpréter les dits "standards", sauf que quand il s'agit du Strange Fruit, y a dégât sur la moquette !
Du fond ? Oui, la ségrégation est universelle, des mines de charbon aux cages à tigres.
Il y aurait tant à dire, qui me blesse à jamais.
Petite soeur d'Artaud, j'entends tes éclats de rire rauque, comme des fêlures si près des miennes que l'on pourrait s'y souder.

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:49

Youcef-Tatem.JPGExtrait de l'article intitulé "Youcef Tatem : une vie de cinéma populaire et engagé" paru dans l'Humanité du 13/08/2010 :

 

Avec son verbe fluide et sa mémoire parfaite des noms et des années, Youcef pointe l’incontournable été 1967. Alors animateur à La Chapelle-en-Vercors avec Vagneron, Youcef y fait la connaissance d’un certain Pol Cèbe, qui vient y passer quelques jours avec ses enfants. «Cèbe était un mec très sérieux. Il m’a plus parlé de cinéma que de la grève qu’ils avaient menée à Besançon.» Youcef prend connaissance de la grève historique des ouvriers de la Rhodiaceta, menée en décembre 1967 à Besançon, dont Pol Cèbe, syndicaliste de la CGT et responsable de la bibliothèque de l’usine, est un des leaders. Une grève filmée par le cinéaste Chris Marker dans À bientôt, j’espère (1967).
C’est le début d’une forte amitié et d’une longue collaboration autour du cinéma militant et des groupes Medvedkine. «Les choses étaient simples. Je me suis retrouvé à aller à Besançon et à Clermoulin, où Cèbe s’occupait du centre de culture et de loisirs des usines Peugeot de Sochaux. Je rencontre aussi René Berchoud, fondateur avec Cèbe, dans un faubourg ouvrier de Besançon, du centre culturel populaire de Palente Orchamps.» Un vrai repaire d’agit-prop.
En juin 1968, âgé de vingt-deux ans, Youcef adhère au Parti communiste. Et rencontre ainsi des syndicalistes de la CGT à Noisy, comme Jean Thuizat et Jacky Sarrabeyrouse. Il se retrouve à donner des cours d’alphabétisation aux travailleurs algériens dans des hangars près de la mairie. À cette époque, le cinéma commence à prendre de plus en plus de place dans sa vie. Le ciné-club de Noisy est sur le point de fermer. Qu’à cela ne tienne. Il décide avec les cégétistes de le reprendre. Il s’appellera le 16/24. «C’est Jacky qui a trouvé le nom : 16 millimètres et 24 secondes/image.» La programmation allait de Jean Renoir à Pierre Prévert, en passant par Claude Autant-Lara et Bernard Paul. Dans ce relais militant de la première heure, Youcef diffuse aussi les films du groupe Medvedkine, les films militants cubains et les ciné-tracts faits à Besançon. «On avait près de 400 adhérents. La culture, c’était un enjeu énorme. C’est par là qu’on touchait les gens et qu’on les amenait à parler politique.» Youcef fait partie de cette «mayonnaise». «On se lie d’amitié, d’un coup de bagnole on va à Clermoulin. On rencontre Colette Magny, Francesca Solleville, Suzanne, syndicaliste et personnage principal du film Classe de lutte.» Jusqu’à participer lui-même à Week-end à Sochaux (1971) où il joue un ouvrier marocain. «Je reçois un coup de téléphone de Cèbe, qui m’explique que les ouvriers marocains ont peur de tourner une scène et d’apparaître à l’écran. Il me demande de venir avec quelques copains pour les remplacer. J’avais dit aux copains : allez, on va à la campagne pour faire du cinéma…»

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1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 18:32

"Il y avait des gens formidables au Chant du Monde, comme Madame Loreilhe, qui aimait beaucoup Colette Magny, et Philippe Gavardin, le directeur" Francesca Solleville

Paru dans le magazine Je Chante ! n°4

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5 juin 2008 4 05 /06 /juin /2008 12:22
Dans le film de Marie Audigier, réalisé dans le cadre de l’exposition «La Bande son de mai 68», présentée par la mairie du 18e à Paris, Georges Moustaki témoigne :

" Les chansons les plus marquantes de cette époque ont été écrites et chantées par Colette Magny, qui était d'abord une merveilleuse chanteuse, un bel esprit et un bon compositeur qui a fait les chansons les plus intenses par rapport à ce qui se passait en Mai 68".

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27 janvier 2007 6 27 /01 /janvier /2007 18:26

Extrait de l'interview dans Les Allumés du jazz de François Tusques par Jean-Jacques Birgé :

Ta révolte, suite à la guerre d'Algérie, marque ta musique, comme celle des noirs américains dessine un nouveau jazz.

C’était en plein Mai 68, en plein dans l'histoire des droits civiques aux USA. On voyait rappliquer ici quantité de types qui jouaient du free. Mais, à part Clifford Thornton, Archie Shepp ou Max Roach, c'était un milieu qui n'était pas si politisé. Les autres faisaient ça parce que c’était ce qui se jouait à New York, c'était un produit de la société américaine parmi d’autres. Mais si on enlève le côté idéologique sur lequel tu insistes et qui est très important, nous avions des conventions musicales communes. J'ai beaucoup joué avec Sunny Murray. De sa personnalité, j'ai retenu le blues et la musique d'église noire américaine qui est très forte dans le jazz de Mingus ou même d'Archie Shepp.


Oink oink, la Suite des Black Panthers, sort à ce moment-là. Tu fais ce disque avec Colette Magny, qui avait, en tant que directrice artistique, proposé au label Mouloudji de produire Free Jazz.

Je lui dois beaucoup. C’est aussi une formidable musicienne de free jazz. Il y a des gens à Marseille qui forment un club de soutien à Colette Magny, bien qu'elle ait disparu, et qui essaie de propager son œuvre, en chantant ses chansons, en exposant sa peinture, en diffusant ses disques. Ils m'ont commandé une suite de 3/4 d'heure, avec Hélène Bass au violoncelle, que je dois jouer au mois d'avril à Marseille, puis chez Colette. Et donc, je me suis mis à réécouter tous ses disques, et j'ai redécouvert cet aspect free jazz de sa musique.

La première fois que je t'ai entendu, c'est justement dans ce disque, Répression.

J'ai découvert une forme musicale très revendicatrice et très cohérente avec les paroles que chantait Colette. C'est un disque qui a très bien marché, beaucoup de gens s'y sont intéressés, nous avons beaucoup tourné avec ça. Mais il y avait aussi beaucoup de critiques. Et c'est vrai que par rapport aux Panthères, à l'époque, c'était assez idéaliste...

 

Plus tard tu as travaillé avec des musiciens bretons. Ton parcours a souvent été lié à des revendications culturelles.


Mai 68, contrairement aux autres, m'a calmé. Peut-être parce que les autres se révoltaient à ma place. Je me suis mis un peu à militer. J’ai commencé à utiliser la musique pour soutenir des organisations auxquelles j’étais rattaché. Je jouais dans des meetings, des usines, comme le faisait Colette. On était dans une période révolutionnaire, on s'imaginait tous que la société allait changer. On essayait d'être partie prenante. J'ai toujours eu besoin de raisons pour faire de la musique. Il faut que j'y trouve un sens, une motivation.

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22 janvier 2007 1 22 /01 /janvier /2007 15:38

Extrait de l'article écrit par Jean-Jacques Birgé et publié sur les Allumés du Jazz :

"Colette Magny me manque, j’espérais toujours qu’on recommencerait à jouer ensemble, comme lorsque nous improvisions à deux sur le même piano, elle tenant la main gauche et chantant tandis que je papillonnais avec la droite… Il reste un Comedia dell’Amore (1) du 15 mars 1991 et des bandes enregistrées à la maison en 1979, c’est tout.

(1) Un d.m.i. Urgent Meeting (GRRR 2018)


 

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1 décembre 2005 4 01 /12 /décembre /2005 19:41

Paru dans Chanson Mag n°1, décembre 2005

solleville-copie-1.jpg

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1 mars 2004 1 01 /03 /mars /2004 20:38

rappelez-moi.jpgExtrait de "Rappelez-moi votre nom" de Jacques André Bertrand (Ed. Julliard), pages 15 à 17 :


Colette Magny donne un récital au Théâtre de la Ville, place du Châtelet. Elle répète une très belle chanson qui dit : "J'aurais tant aimé danser / Jusqu'à la fin de mes jours..." Elle a une idée :
- Tu serais dans la salle, comme un spectateur ordinaire, équipé d'un micro. Aux premières mesures, tu monterais sur scène et tu m'inviterais à valser. Je chanterais sur ton épaule. Comment refuser ?
Nous valsons avec succès.

Cette maîtresse femme est boudée par la télévision. Or ils se trouve que, pour une fois, on lui propose une brève prestation dans l'émission de variétés du dimanche après-midi. Elle a une idée, la même : nous valserons.
Rendez-vous avec les musiciens à quatorze heures sur un plateau des Buttes-Chaumont. Deux ou trois techniciens nous attendent sans nous attendre, l'air las, autour d'une caméra et de quelques projecteurs. - Où sont les micros ? demande Colette. Stupeur générale. - Quoi, elle ne fait pas de play-back ? C'était pas prévu ! Au bout de trois quarts d'heure, miracle, on a pu installer deux microphones. Nous valsons. Une seule prise de trois minutes. J'entends un technicien chuchoter :
- C'est son gigolo. Sur ces contrefaites le réalisateur revient de déjeuner, havane en bouche et pouces dans les poches de son gilet. - Alors, tout s'est bien passé ?
La semaine suivante je publie l'anecdote dans Télérama.
Michel Drucker, présentateur de l'émission, refusera longtemps tout entretien au journal que j'ai pourtant quitté peu après l'incident.
Désolé Michel. Désolé Télérama.
Salut Colette.

A  Londres, des années plus tard, j'apprends par une radio française la mort de Colette Magny. Michel Drucker est convoqué aux obsèques médiatiques : - C'était une très grande dame de la chanson, dit-il.
Morte, on l'a tout de suite trouvée moins grosse et plus grande.

 

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