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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 11:46

Dans Libération, Bruno Pfeiffer publie un article sur le biographe Jacques Vassal , "journaliste vedette des périodiques Rock and Folk, Paroles et Musique, Chorus, Politis, cela depuis le début des années soixante, et qui signe des textes marquants sur deux figures de la chanson française, versant protest-song : le Français (ex Néo-Zélandais) Graeme Allwright (il vit à Paris ), et la Parisienne Colette Magny." :

Jacques Vassal, né en 1947, s’est fait connaître comme critique musical. Son intérêt pour la chanson le rapproche de ses acteurs majeurs. Il devient naturellement auteur. Traducteur de Woody Guthrie (En Route pour la Gloire), de la biographie par excellence de Bob Dylan (signée Robert Shelton), auteur de Leonard Cohen par lui-même et de Leonard Cohen, le Livre du Désir - avec Jean-Dominique Brierre. Spécialiste incontesté du folklore anglo-saxon (le classique FOLKSONG, c’est lui), Vassal connaît également la chanson francophone. Il signe des ouvrages de références (Brassens Homme Libre, Brassens le regard de Gibraltar; Leo Ferré, la voix sans maître; Brel, vivre debout; Jacques Higelin; etc.). J’avais longuement rencontré l’expert lors de la sortie de sa traduction de l’ouvrage fondateur d’Alan Lomax (Le Pays où Naquit le Blues). La clé de ses livres tient en deux points cardinaux. Un : Vassal étudie et connaît à fond ses interlocuteurs. Deux : il se montre infatigable pédagogue.

Graeme Allwright et Vassal se connaissent depuis 1966. Graeme Allwright vit aujourd’hui près de La Bastille. Il a 91 ans. Jacques Vassal a recueilli la confidence, traqué la mémoire de l’attachant chanteur néo-zélandais, devenu français. Allwright lui a remis documents, souvenirs intimes, secrets cachés. Mouloudji et Colette Magny avaient poussé les débuts d’Allwright. Lequel très tôt s’engage. Avec Johnny (1966), sur la guerre du Vietnam (Paroles :On t’as dit que là-bas la cause était juste ... Puis c’est facile de laisser les autres penser pour soi). Á la même époque, il sensibilise le public francophone aux songwriters. Tom Paxton (Sacrée Bouteille), Pete Seeger (Jusqu’à la Ceinture), puis Who Killed Davey Moore, de Bob Dylan. Il a contribué, par ses adaptations très fidèles de Leonard Cohen, à vulgariser ce dernier auprès du public français (Suzanne, L’Étranger, Demain sera bien, etc.). Quant j’étais scout, Jusqu’à la Ceinture représentait l’incontournable des campements. La ceinture, chez les scouts, imaginez son importance. On y accroche le couteau, la gourde, la carte, la boussole, tout ce qui doit être à portée de mains. L’hymne anti-militariste de Pete Seeger, a formé nos consciences. Inversement, le chanteur a ouvert Georges Brassens aux anglophones (Graeme Allwright sings Brassens : quel bijou!). Les proches de Graeme se livrent volontiers à Vassal. Souvent de façon touchante. Christophe, son fils :« dans la période où il a été engagé pour chanter à La Contrescarpe, et où il a enregistré son premier disque, Graeme a été aidé par Colette Magny, qui l’aimait bien, et qui a beaucoup compté pour lui dans le métier de la chanson. Je me rappelle très bien la fois où Colette Magny est venue le voir à la maison. Notre mère nous avait dit : «elle est très grosse, il ne faut pas la regarder«. Et nous regardions le plafond!». Vassal me rapporte qu’en jazz, Allwright était à la page. Enfant, il écoutait beaucoup les 78 tours de jazz classique de son père. Par la suite, ses goûts l’ont porté vers Miles Davis, Thelonius Monk et John Coltrane.

De son côté, Colette Magny interprétera - et de quelle manière! - le jazz classique, et le blues. Puis elle se tournera vers le free jazz, grâce notamment au pianiste François Tusques. Jacques Vassal a eu la chance de connaître Colette Magny personnellement. Ils se sont souvent croisés depuis 1969. En 1982, paraît un dossier de 12 pages dans le mensuel Paroles et Musique, que dirige Fred Hidalgo. Colette Magny confiera ceci à Vassal : le dossier lui rend justice. Le dossier commence ainsi : «Trop peu d’amateurs de chanson, aujourd’hui et ici, se rendent compte de tout ce qu’ils doivent à Colette Magny. Pour son engagement politique, certes (pour une fois que cette expression n’est pas usurpée!); mais aussi pour le travail sur la forme et la matière même qu’est la chanson». Née en 1926, la secrétaire bilingue à l’OCDE (pendant 17 ans), décide en 1962 d’entrer dans la chanson. Après un tube (Melocoton), Colette Magny refuse d’endosser le costume de chanteuse nationale préposée au blues. Son engagement politique l’amène à prendre position dans ses chansons sur les grèves, la pollution, le Vietnam, etc. Les médias la bouderont. Un coffret de dix CD, avec livret contenant le dossier de Paroles et Musique, signé Jacques Vassal, présente l’oeuvre visionnaire. Edité pour célébrer le vingtième anniversaire de mai 68, l’objet rend hommage à l’intégrité de l’artiste. Le personnage exceptionnel nous a quitté le 12 juin 1997, à l’Hôpital de Villefranche-de-Rouergue. Léguant son oeuvre et les droits qui découlent à Sidaction. C’était il y a 21 ans.

Bruno Pfeiffer

CD

Colette Magny, Anthologie 1958-1997, Legacy/SONY Music (10 CD) - Compilation en Double CD ( A Cœur et A Cris), avec un autre texte original de Jacques Vassal, Legacy/SONY Music

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