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3 avril 1963 3 03 /04 /avril /1963 12:53

L'Humanité du 3 avril 1963 consacre une colonne du journal à une révélation : "Deux minutes à la télévision ont catapulté Colette Magny chanteuse de blues sur la scène de l'Olympia" :

 

 

"C'est effarant !" Ils reviennent souvent, ces mots, sur les lèvres de Colette Magny. Ce qui lui arrive n'est pas banal en effet.

A 37 ans, elle débutera - à partir de demain - à l'Olympia ayant choisi d'interpréter des "blues" de sa composition notamment, en anglais et en français !

Il lui a suffi d'un passage de deux minutes à la Télévision pour que soudain on s'intéresse à elle, de tous côtés.

"Je suis infiniment reconnaissante à Mireille de m'avoir présenter dans une émission du "Petit Conservatoire de la Chanson", au mois de décembre 1962. Personne jusque là n'avait accepté de me faire confiance. Aujourd'hui on m'attribue des qualificatifs des plus élogieux, on me propose de nombreux contrats. C'est effarant.... Moi qui n'ai pratiquement jamais monté sur scène".

Colette Magny écrit et compose des "blues" depuis dix-sept ans. Donc il ne s'agit pas d'une vocation tardive. En règle générale, l'actualité est sa source d'inspiration : elle parle de Cuba, de Lumumba, de l'atome...

Son premier disque (C.B.S.) contient deux de ses œuvres : "Melocoton" (1) et "Co-opération". D'autres suivront sans doute si l'accueil du public parisien l'encourage à son tour à persévérer dans cette carrière nouvelle.

En tout cas, la promotion d'une femme à l’embonpoint très prononcé, qui a pour atouts ses textes, ses musiques, une voix bien timbrée et un style personnel est d'autant plus insolite qu'elle s'inscrit dans un programme où l'Olympia a fait la place belle aux rythmes en vogue qui enrobent des niaiseries.

G.S.

(1) Colette Magny interprétera "Mélocoton" ce soir, au cours de l'émission télévisée "L'Europe en chantant".

 

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31 mars 1963 7 31 /03 /mars /1963 06:50

A l'occasion de la programmation le mercredi 3 avril 1963 à 20h45 à la télévision de l'émission "L'Europe en chantant", Télé Magazine consacre un article à Colette Magny avec une interview de Michel Delain :

Cette « Europe en chantant sera au moins une belle réussite pour le marché commun de la chanson : ancienne et nouvelle vaque s'y côtoient. Car si Françoise Hardy et Eddy Mitchell sont au générique, Jean Sablon et Dario Moreno y figurent aussi. Une révélation TV cependant : Colette Magny, une artiste insolite qui, dans la tradition du blues, chante « Le Mal de vivre » : « Ils ont laissé tuer Lumumba, que deviendra Gizenga... », « Les Rouges ont un homme qui lance la chaussure à bon escient... »

On n'avait pas vu ça depuis belle lurette ! Le phénomène se faisait rare. Quel phénomène ? La révélation soudaine, la génération   spontanée d'une vraie vedette de la chanson, d'une véritable artiste, d'une créatrice. Et n'allez pas croire qu'il est question ici d'une de ces fausses valeurs jetées régulièrement sur le marché par quelques boursiers ou autres grossistes en disque ! Non : Colette Magny est une enfant légitime du public. Le terme étant à la mode en notre ère, nous dirons qu'elle est une « plébiscitée » à 100 % : il lui a suffi d'apparaître deux minutes sur le petit écran, en décembre dernier, au cours du « Petit Conservatoire » de Mireille pour qu'elle sorte de l'anonymat, qu'on la réclame, qu'on l'acclame, que sa voix se coule dans les microsillons, que Bruno Coquatrix pointe l'oreille et, séduit par ce qu'il entend, l'engage à l'Olympia.

Mais où ce phénomène devient... phénoménal, c'est lorsqu'on s'aperçoit que Colette Magny n'est nullement spécialisée en twist,rock ou bossa-nova, mais lance le « blues » français !

L'impression première en la voyant ? La même exactement que celle qui vous assaille lorsque Piaf fait son entrée sur scène et commence à chanter : l'aspect physique de l'interprète s'estompe tant la voix s'écoute avec les oreilles et avec les yeux. Il y a miracle, état de grâce, transe et transfiguration. Tout comme le spectateur oublie la môme Piaf, étriquée et mal fagotée, il ne remarque pas exagérément la femme à l'embonpoint certain qu'est Colette Magny.

- Vous avez déjà un surnom - l'Ella Fitzgerald blanche - cela vous flatte-t-il ?

- Plutôt ; bien que je sois loin d'arriver à la cheville de Fitzgerald...

- Où puisez-vous votre inspiration ?

- Dans la vie quotidienne actuelle : le social, le politique, le littéraire, l'atome, Cuba, Lumumba. Au lieu de faire rimer « amour avec toujours », je fais rimer « Lénine avec Staline »...

- Vous avez 37 ans, votre vocation a donc été tardive ?

- Oui et non. Oui parce qu'avant de me présenter chez Mireille, j'avais passé ma vie à travailler chez des avocats-conseils, puis dans une fabrique de lunettes pour Américains, enfin comme secrétaire bilingue. Non, parce que, il y a seize ans, désirant déjà chanter, j'avais travaillé avec Claude Luter et failli écrire des chansons en collaboration avec Boris Vian. J'avais le virus, vous voyez... Je suis un peu comme ma mère qui a commencé à 57 ans, une carrière théâtrale sous le nom de Claude Ferna...

- Dites, je peux vous poser une question plus indiscrète ?

- Si je souffre d'être grosse ? C'est ça ?. Bien sûr j'en al souffert, mais je m'y suis faite. Ce complexe initial a même dû accentuer ma sensibilité. A vrai dire, je n'y pense pas trop... Et puis, maintenant que je suis vedette, mes « managers » vont m'arranger. Tout à l'heure, j'ai rendez-vous chez le coiffeur et chez la couturière. Çà m'amuse beaucoup...

Il n'empêche qu'elle le chante drôlement, ce ,blues : « Personne ne pense à vous quand vous avez le cafard... ».

 

Maintenant que je suis vedette, mes managers vont m'arranger...  ça m'amuse beaucoup !
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24 mars 1963 7 24 /03 /mars /1963 17:36

768 001Article paru dans Top Réalités Jeunesse n°227 du 24/03/1963 :

 

Son premier disque n'est pas encore sorti et déjà toute la presse parle d'elle et la compare à Ella Fitzgerald ! Pourtant, Colette Magny n'a rien d'une vedette et son grand atout est justement de ne pas l'être. Elle n'a pas son équivalent en France, puisqu'on lui prédit le plus brillant succès alors qu'elle est bien loin d'avoir « moins de vingt ans ». D'ailleurs vous vous en rendrez compte vous-même, en allant l'applaudir le 15 avril à Bobino.

 

SON STYLE :
Elle chante, en s'accompagnant le plus souvent de sa guitare, des « blues » qu'elle a composés elle-même, en français naturellement !
Sa méthode est unique : elle assemble bout à bout des citations de grands auteurs, qu'elle relie par un simple mot ou une phrase de son cru.

Ses grands maîtres sont d'une part : Alain,  Tchékhov, Simone Weill, André Suarès, Thomas Carlyle, Shakespeare et Einstein ; et de l'autre : Billie Holliday, Bessie Smith, Ella Fitzgerald, Charles Trenet et Léo Ferré.
 

TOPRealitesJeunesse-portrait.jpgSON CARACTERE :
Timide :   Colette Magny chante depuis toujours, mais préférait son métier de secrétaire à l'O.E.C.E., plutôt que de se montrer en public.
Dynamique : elle était le boute-en-train de sa classe et délaissait volontiers ses études pour jouer au ping- pong ou canoter sur le lac du bois de Boulogne !
Sympathique : elle adore Brassens et ne rêve que « de lui serrer un jour la patoune » !
Fantaisiste : elle décide un beau jour de juillet 1962 de se jeter à l'eau et de chanter en public « pour savoir si 'elle était capable de gagner sa 'vie en faisant ce qui lui plaisait » !

 

QUI EST-ELLE ?
Elle est née à 8 h 30 du matin le 31 octobre 1926 aux environs de Notre-Dame à Paris.
Sa mère.. attendra d'avoir 57 ans pour attaquer une carrière de comédienne. Elle joue actuellement avec Planchon et Sacha Pitoëff.
Son père est acheteur en épicerie. 
Depuis qu'elle a chanté dans l'émission de Mireille à la télévision au mois de décembre dernier, la vie de Colette Magny a été complètement bouleversée. Elle sort son premier disque chez Odéon et vit dans la terreur d'affronter prochainement le public.

 

 

 

 

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