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1 juin 1969 7 01 /06 /juin /1969 13:21

maudite.jpgInterview parue dans Rock & Folkn°29 du 01/06/1969 :

— « Melocoton », je ne la renie pas; je l'ai écrite, d'accord, mais ça me fait mal au ventre de savoir que les radios  passent de moi cette seule chanson qui ne correspond plus du tout à ce que je fais à présent. J'ai fait des progrès depuis!
— Dans la mesure où les gens ne connaissent qu'une chanson de vous, ils vous consomment, comme tant d'autres?
— Oui, exactement. Mais je ne peux leur on vouloir; je n'en veux d'ailleurs à personne: en somme, j'emmerde le système et il me le rend bien, c'est tout ! »
Ainsi parle Colette Magny. Nous l'avons rencontrée il y a quelques semaines au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles oùelle présentait un très curieux montage sonore consacré au mois de mai 68 à Paris. Il fallait donc s'expatrier un week-end pour entendre parler de la poussée révolutionnaire française. La première partie du programme consistait en un récital de l'ami Julos qui, accompagné par Didier Levallet à la contrebasse, triompha devant son public. Car Beaucarne est prophète en son pays, et c'est tant mieux. La matière choisie par Colette Magny et sa présentation sans artifice, très anti-commerciale allait rendre la seconde partie quelque peu houleuse...
COLETTE MAGNY: Je présente ici un spectacle en trois séquences. Première séquence: diffusion d'une bande magnétique enregistrée au mois de mai dernier dans les rues de Paris, par William Klein et Chris Marker; deuxième séquence: j'interprète quatre ou cinq chansons (cette limitation est voulue) ; troisième séquence : un jeune comédien de mes amis, Marcel Tassimot, dit des poèmes de Bertold Brecht.
ROCK & FOLK : On dit qu'en France, vous êtes absolument censurée avec ce spectacle ?
C. M.: Non, pas absolument; j'ai quand même pu le faire trois fois chez nous : à Lyon, à Saint-Ouen, et dans une petite
salle de Paris. Dans le dernier cas, j'ai eu l'impression d'avoir été méchamment  sabotée, néanmoins j'avais eu l'autorisation. Les gens n'ont pas tellement apprécié ce spectacle parce qu'ils venaient pour me consommer. Vous savez, le genre: «Je vous connais par vos disques, je veux vous entendre chanter ». Or. dans ce spectacle, je ne chante pas (ou presque) ; je me démystifie. Alors, les gens ne suivent plus.
R. & F. : Vous chantez depuis...
C. M.: ...1963. Mes débuts professionnels remontent à 63. Avant de chanter, j'avais été dix-sept ans fonctionnaire à l'O.C.D.E.
R. & F.: Qu'est-ce qui vous a poussée vers la chanson, alors ?
C. M.: Je ne voulais pas attendre d'avoir soixante-dix ans pour m'exprimer. Et la chanson a été mon mode d'expression à moi. La chanson en général, du reste, ne m'intéresse pas. Je n'écoute pas les autres chanteurs, ou alors une fois de temps en temps pour faire plaisir à des amis. Actuellement, je m'intéresse de plus en plus à des activités comme le théâtre ou l'opéra moderne. Pour moi la chanson n'est pas une fin en soi,
R. & F. : Et les journaux ?
C. M. : A l'époque où la presse avait attiré sur moi l'attention du grand public (idiotement d'ailleurs, cf. titre de « France-Dimanche »: « L'Ella Fitzgerald française »...), on a voulu absolument me faire passer et repasser à l'Olympia. Par quatre fois. « France-Dimanche » est revenu à la charge. Finalement, j'en avais marre, un jour un ami me donne l'idée suivante : « Au prochain coup de téléphone, tu les menaces; tu leur dis que s'ils ne te foutent pas la paix tu leur envoies ton tueur ». Ils ont rappelé, je leur ai dit ça au téléphone : « Ne publiez plus rien sur moi, ou je vous envoie mon tueur ». Je n'en ai plus jamais entendu parler ».
JACQUES VASSAL.

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