Articles divers et variés sur la chanteuse Colette Magny
Critique de Claude Fléouter, parue dans Le Monde du 8 novembre 1971 :
Ce qui frappe toujours lorsqu'on entend chanter le blues, c'est la voix au timbre profond, poignant, qui plie les mots, les syllabes à la manière des plus grandes chanteuses noires. Il y a dix ans, Colette Magny est passée à côté d'une belle carrière "commerciale". Volontairement. Préférant suivre sa générosité, satisfaire à l'envie d'écrire et de chanter à sa façon une chronique de notre temps.
Malheureusement, le résultat n'est guère excitant. Certes, on est loin du boy-scoutisme de Jean Ferrat et des relents de boites de la rive gauche. La chanson se veut ici véhicule de subversion, elle est d'agitation ou en forme de tract. Mais un texte de Le Roi Jones dit et chanté perd ici les trois quarts de sa force par le seul fait que Colette Magny n'est qu'une Blanche, qui ne vit ni dans le ghetto de Chicago ni dans celui de Harlem. Et les compositions personnelles de Magny sont aussi lourdes que des bulldozers.
En France, il y a trente ans, une génération 'de chanteurs a été élevée au "Trénet", comme d'autres au lait. Il serait peut-être bon qu'aujourd'hui l'on regarde du côté des chanteurs anglo-saxons de "folk-song" et de musique pop', du côté de John Lennon ou de Tom Paxton : pour apprendre à dire ce que l'on sent et ce que l'on voit, en restant le plus simple, le plus clair, le plus efficace. Ce n'est pas l'effet du hasard si l'une des plus belles chansons de ces dix dernières sassées — écrite et chantée par John Lennon — a pour thème un "héros de la classe laborieuse" ("Working class hero") et a fait le tour de l'Amérique et de l'Angleterre, bousculant un petit peu des milliers de gens...
Ranelagh. 21 h30. Jusqu'à mardi soir (relâche dimanche).
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